Sur le site internet de l’hebdomadaire Marianne, figure un entretien intéressant avec l’historien et démographe (de gauche), Emmanuel Todd, sur la question iranienne. M. Todd, qui a appelé à voter Oui à la constitution européenne et qui, sur des questions aussi essentielles que celles liées à l’immigration, a des positions radicalement différentes de celles du FN, a souvent manifesté sa grande hostilité vis-à-vis de la droite nationale. Mais ses récentes réflexions sur la crise iranienne recoupent en partie les analyses développées par Jean-Marie Le Pen ces derniers mois. M. Todd constate que l’Europe « n’a pas les mêmes intérêts objectifs que les Etats-Unis » et que les Européens se doivent d’établir avec l’Iran et ses réserves pétrolières « un partenariat stratégique » du même genre que celui qu’ils tentent d’établir avec la Russie et ses ressources en gaz. Comme Jean-Marie Le Pen, il estime aussi que si l’Iran possédait l’arme atomique elle n’aurait pas les moyens de s’en prendre à Israël, pays qui possède aussi le feu nucléaire, et ce au nom du principe de dissuasion. « Le thème de l’Iran va structurer l’année électorale en France », affirme-t-il, ajoutant que le risque numéro un pour la paix dans le monde n’est pas l’Iran mais l’actuelle politique étrangère des Etats-Unis. Il souhaite donc que la France dialogue avec Téhéran, une nouvelle puissance émergente qui pourrait être « un facteur de stabilité extraordinaire pour le Moyen-Orient », invitant notre diplomatie à contribuer à l’émergence d’un « monde multipolaire ». Eventualité rejetée par Washington, « qui cherche à nous entraîner dans un conflit avec l’Iran », poursuit-il, de la même façon que les Américains tentent « d’annihiler la puissance russe ».