Directeur de l’institut CSA, Roland Cayrol était lui aussi interrogé lundi dans Le Parisien sur les différentes composantes de l’électorat lepéniste. Il souligne que, s’il s’agit d’un vote majoritairement masculin, les femmes sont de plus en plus nombreuses à voter pour Jean-Marie Le Pen et son Mouvement et que ses électeurs « appartiennent à toutes les classes d’âge, à l’exception des personnes les plus âgées ». « Comme aux élections précédentes, le Front est beaucoup plus implanté dans les catégories populaires » (23 % chez les employés et 29 % chez les ouvriers). « Pour l’instant, il est à nouveau, comme en 2002, premier chez les ouvriers puisque Ségolène Royal est à 28 % dans cette catégorie et Nicolas Sarkozy, à 26 % ». « [Jean-Marie Le Pen] réussit, à cinq mois de la présidentielle, à être au niveau où il était le jour du scrutin en 2002. Or, les poussées de Le Pen se font dans les quinze derniers jours ». « Il est en train de conquérir un nouvel électorat, notamment féminin, qu’il n’avait pas. Dans les professions intermédiaires (les cadres moyens) où il était très peu présent, il est à 13 %. Il progresse aussi chez les agriculteurs. On a le sentiment que sur la base de ses bastions traditionnels qu’il conserve, il fait tache d’huile ». Cette progression, poursuit M. Cayrol, est due au fait qu’« il y a un rejet de plus en plus fort de la politique et des dirigeants qui passent pour être incapables au gouvernement de tenir leurs promesses. Du coup, il bénéficie du fait de n’avoir jamais exercé le pouvoir. Il a deux types d’électorats, partagés à peu près par moitié. D’une part, ceux qui votent Le Pen pour dire non. C’est un électorat protestataire. D’autre part, ceux pour qui il a l’avantage d’être celui qu’on n’a jamais essayé ». Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, qui prônent « un renouvellement », ne convainquent pas, estime encore le directeur du CSA qui observe que « Le Pen a constitué un électorat qui continue à se reconnaître en lui ». « Il n’est pas impossible, les mêmes causes [pouvant] reproduire les mêmes effets », que le président du FN se retrouve au second tour, affirme-t-il encore.