« L’immigration, l’échec du multiculturalisme et les tensions intercommunautaires ont été largement absents de la campagne électorale. Il y a consensus des principaux partis politiques sur ces questions. D’ailleurs, selon un sondage effectué juste avant le scrutin, 68 % des Néerlandais affirment être las des interminables débats sur l’intégration : ils souhaitent désormais que leurs dirigeants s’attachent à leurs propres problèmes », rapportait encore Le Figaro. Les résultats des élections législatives néerlandaises de mercredi ont été officiellement publiés vendredi. Bouleversement politique à la clé puisqu’à gauche le Parti socialiste néerlandais (SP) de Jan Marijnissen opère une percée en remportant 26 des 150 sièges du Parlement. Quant à la droite populiste, ayant fait pour le coup clairement campagne sur les thèmes de la sauvegarde des valeurs et de l’identité hollandaise, elle revient sur le devant de la scène. En l’occurrence, par le biais du Parti de la liberté, dirigé par Geert Wilders, qui remporte 9 sièges et qui frôle les 6 % des suffrages (5,8 %). Questionné sur ces résultats dans Libération vendredi, le sociologue néerlandais Dick Pels avoue que « personne ne s’attendait » à la percée du mouvement de M. Wilders. « Quelque 600 000 électeurs soutiennent [ses] vues anti-islam », analyse-t-il. « Manifestement, les Néerlandais ont toujours peur de l’immigration, comme de la mondialisation. L’identité nationale, la sécurité économique priment. […] Fait marquant, les grands gagnants du scrutin sont les deux seuls partis ayant fait campagne pour le non lors du référendum de 2005 sur la Constitution européenne. Quant à l’essor du Parti socialiste à ces élections, il manifeste aussi, selon M. Pels, une montée en force des revendications populaires non prises en compte par les partis « classiques » : « Cette gauche conservatrice incorpore beaucoup d’éléments de la droite populiste », observe ce sociologue : « le SP (Parti socialiste) est antieuropéen, il défend le nationalisme culturel et se montre protectionniste à l’encontre du plombier polonais. […] Le modèle politique néerlandais ressemble de plus en plus à un fer à cheval. Au lieu d’avoir une ligne continue entre la droite et la gauche, les deux extrêmes se rejoignent ».