Il est beaucoup question de « capacité d’intégration » dans le rapport de M. Brok sur la stratégie d’élargissement, envisagée sous le seul angle de la satisfaction des intérêts et des appétits de pouvoir de Bruxelles.
Selon ce rapport, cette « capacité » ne devrait pas être confondue, je cite, avec « les perceptions par l’opinion publique des répercussions de nouveaux élargissements ». Vous avez tort. D’abord parce que ce sont les citoyens des États membres qui sont en première ligne des conséquences économiques et sociales des élargissements et qu’ils méritent donc d’être écoutés. Ensuite parce que ce sont eux qui décideront, in fine, de ces adhésions. En France, par exemple, un référendum sera obligatoire pour toute adhésion postérieure à celle de la Croatie. C’est le « cadeau » qu’un Chirac en déconfiture nous a donné pour tenter d’éviter, en vain, un « non » à la Constitution européenne.
Je regrette également que ne soit jamais posée la question des limites géographiques de l’Europe et de la définition de son identité commune. Cela nous permettrait pourtant de dire clairement que la Turquie est un grand pays, mais qu’elle est essentiellement, géographiquement, culturellement, historiquement, démographiquement, un pays asiatique. Et cela permettrait de mettre fin à la mascarade humiliante pour elle que sont devenues ces négociations d’adhésion.