M. Rozès affirme cependant que l’annonce de l’investiture de Nicolas Sarkozy « va provoquer forcément un tassement du score de Le Pen puisque les candidats devront alors proposer des solutions ». Or, ajouterons-nous, ce « tassement » est très hypothétique, les enquêtes d’opinion démontrant assez largement que désormais le FN n’est plus seulement perçu comme une force de protestation mais aussi de propositions. Et c’est d’ailleurs sur ce terrain que Jean-Marie Le Pen a fait porter l’effort depuis le début de sa campagne comme en atteste la mise en place des Commissions d’action présidentielle (CAP) chargées d’élaborer et de chiffrer le programme de gouvernement de la droite nationale, ou encore les discours thématiques prononcés par le président du FN. Il devient de plus en plus difficile pour le microcosme politico-médiatique de cantonner Jean-Marie Le Pen dans le simple registre protestataire, comme cela a été fait antérieurement… L’institut CSA indique encore que la diminution annoncée du taux d’abstention pourrait bénéficier au candidat national : « les électeurs reviennent aux urnes pour voter en sa faveur, d’autant que le FN poursuit son opération de séduction en direction de nouvelles couches de la population telles que les Français d’origine étrangère, les citadins, les petits cadres, jusque-là peu enclins au vote frontiste. Malgré son âge, Le Pen est parvenu à rajeunir son électorat. La proportion des moins de 30 ans qui s’apprêtent à voter Le Pen correspond à la moyenne du score établi depuis le début de l’année par CSA, soit 14 %. De quoi, pour le président du FN, se voir une nouvelle fois au second tour ».