Si l’on en croit le gouvernement, le nombre des demandeurs d’emploi a repris sa baisse en novembre (-0,8 %), pour atteindre le chiffre de 2.112.300 chômeurs, ce qui s’apparenterait à un recul de 10 % sur douze mois, soit 8,7 % au sens du Bureau international du travail (BIT). Le ministre de l’Emploi, Jean-Louis Borloo, n’a pas hésité à déclarer qu’il avait « le sentiment qu’on [était] plutôt sur une tendance vertueuse, même si on [n’était] pas à l’abri d’un mauvais mois ». Loin de la méthode Coué, le quotidien Les Echos en date du 28 décembre a rendu compte de l’analyse du chiffre des demandeurs d’emploi réalisée par le collectif « Autres Chiffres Du Chômage » (ACDC), qui recoupe d’ailleurs en grande partie celle développée par le Front National. « S’appuyant sur les statistiques de l’ANPE », le Collectif « souligne que cet indicateur ne prend en compte ni les chômeurs des DOM (220.000 personnes), ni ceux qui déclarent chercher un emploi temporaire ou à temps partiel (871.000), ni les dispensés de recherche d’emploi (412.000), ni les demandeurs d’emploi de catégorie 1 en activité réduite (452.000), ni les chômeurs pas immédiatement disponibles parce qu’en formation, en maladie ou en emploi (321.000). Ce sont donc 2.276.000 chômeurs invisibles, soit quelque 600.000 de plus qu’en 1995, qui s’ajoutent aux 2.129.700 de catégorie 1 » – c’est-à-dire les personnes sans emploi immédiatement disponibles à la recherche d’un emploi à durée indéterminée à temps plein – « catégorie qui se rapproche le plus de la définition retenue par le Bureau international du travail ». « Depuis vingt-cinq ans, de plus en plus de chômeurs ont été gommés du chiffre officiel […] et ces dernières années la part des chômeurs hors catégorie 1 a recommencé à augmenter, passant à 51 % du total des demandeurs d’emploi en septembre 2006, contre 47 % deux ans plus tôt ». Bref, relevait La Tribune le 28 décembre dans un article faisant lui aussi état des travaux de ce nouveau collectif, il y aurait non pas 2,1 millions de demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE mais plutôt 4,5 millions. « Des chômeurs invisibles qui représentaient 10 % du total des demandeurs en 1982 » et qui « dépasse maintenant 50 % ». « Ce qui serait, selon le collectif en question, le fruit d’une politique délibérée menée par les gouvernements successifs, via l’ANPE ».