Une pétition de 3 000 opposants au projet d’ouverture d’une succursale du « Louvre » en 2012 près d’Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis, 700 000 habitants) circule actuellement dans les milieux culturels. C’est un article publié le 13 décembre dans Le Monde et signé par Françoise Cachin, directeur honoraire des Musées de France, Jean Clair, conservateur général honoraire et écrivain, et Roland Recht, professeur au Collège de France, qui a contribué à médiatiser cette opposition. « Les œuvres d’art sont un patrimoine à montrer, pas une attraction ni une marchandise. Bien sûr, les musées français savaient obtenir occasionnellement une aide provenant du mécénat privé, en particulier pour les expositions plus prestigieuses », notent les auteurs. Mais ces derniers se montrent très critiques sur le Louvre ouvert à Atlanta (Etats-Unis) où sont exposés « parmi les plus grands chefs-d’œuvre des collections ». Ils relèvent que « sur le plan moral, l’utilisation commerciale et médiatique des chefs-d’œuvre du patrimoine national, fondements de l’histoire de notre culture et que la République se doit de montrer et de préserver pour les générations futures, ne peut que choquer. Et puis pourquoi les sept millions de visiteurs annuels du Louvre, payants pour la grande majorité, devraient-ils être privés de ces œuvres si longtemps ? ». Mais le pire est encore à venir avec « l’exemple alarmant » d’Abou Dhabi, soit la création programmée d’un « Louvre » « obligeant à des prêts à long terme tous nos grands musées, dont les responsables n’auront plus leur mot à dire. Ce sont nos responsables politiques qui sont allés offrir ce cadeau royal et diplomatique. Contre près de 1 milliard d’euros… N’est-ce pas cela vendre son âme ? […] Bien sûr, il faut prêter des œuvres d’art si leur état le permet et si leur sécurité est garantie, mais gratuitement, et dans le cadre de manifestations qui apportent une contribution à la connaissance et à l’histoire de l’art. […] Mais les objets du patrimoine ne sont pas des biens de consommation, et préserver leur avenir, c’est garantir, pour demain, leur valeur universelle ». Le conseiller « Culture » du FN, Philippe Herlin, a signé cette pétition.