L’hebdomadaire Marianne a consacré pas moins de 8 pages dans son dernier numéro (édition du 27 janvier au 2 février) aux « nouveaux électeurs de Le Pen », soit le résultat d’une enquête plutôt bien ficelée et objective, au-delà des quelques commentaires d’usage… Les journalistes de Marianne constatent que « la lepénisation a gagné de nouveaux territoires. En Le Pen, se reconnaissent ceux qui veulent faire sauter l’aristocratie économico-médiatique, ceux qui veulent secouer le système. Et ils ne se cachent plus ». Marianne a donc été à la rencontre de « la France d’en bas », ruraux, ouvriers, Français d’origine maghrébine, diplômés, qui s’apprêtent à voter Le Pen jusque dans des régions jusque-là rétives au vote national, comme la Bretagne. Des témoignages qui sonnent justes : « qu’est-ce qui a changé ? La situation économique ? Les banlieues vont mieux depuis que Sarkozy est là ? Et Royal, que sait-elle de ce que c’est que de vivre avec moins de 1 000 euros par mois ? », explique un habitant d’un petit village de l’Aisne. « La classe politique dans son ensemble n’a cessé de nous vanter les bienfaits de la mondialisation, Jean-Marie Le Pen a été le seul à nous mettre en garde. Et il avait raison… On a massacré les entreprises françaises », relève Abdallah, 54 ans, qui, à l’image des jeunes des cités interrogés sont de plus en plus nombreux à comprendre qu’ils ont été instrumentalisés par l’UMPS. Jeunes banlieusards qui, pour certains, disent vouloir voter Le Pen. Signe des temps, la radio de la communauté maghrébine, Beur FM, qui avait « toujours boycotté le FN », « a invité Marine Le Pen ». L’un des animateurs de cette antenne, Ahmed El-Keiy, observe que les beurs « ne sont pas un bloc monolithique » et qu’il y a « des déçus » « qui se tournent vers le FN ». Vice-président du Conseil général du Morbihan, le socialiste Christian Couet confirme que « rien n’a changé. [Les électeurs lepénistes] ne reviendront pas dans le giron des partis traditionnels ». Enfin, l’hebdomadaire clôt son enquête sur la « colère » du « Tiers-Etat intellectuel » qui se tourne lui aussi vers le candidat de l’Union patriotique. « Le Pen fera-t-il une percée chez les diplômés qui, jusqu’à présent, le boudaient ? Une chose est sûre : les digues sont brisées. Le Pen n’effraie plus comme avant, et ils seront nombreux, beaucoup plus nombreux qu’on ne le croit, à jubiler secrètement si le premier tour devait être un remake du 21 avril 2002 », conclut cette enquête.