Monsieur le Président, il y a 50 ans était signé à Rome dans l’enthousiasme presque général le traité entre les six États fondateurs de l’Union. Il est vrai que nous sortions d’une guerre mondiale, véritable guerre civile européenne, et que les peuples aspiraient à la paix et à la prospérité. Mais 50 ans après, que constatons-nous?
Il ressort d’un livre d’entretiens entre M. Rocard et le commissaire Bolkestein, livre extrêmement intéressant d’ailleurs, que M. Rocard ne veut plus que l’Union s’appelle européenne. Cette Union a, en effet, trahi l’Europe: la libre circulation des capitaux, des marchandises, des personnes à l’intérieur de l’Europe, supposait qu’une frontière raisonnable existât à son pourtour. Les sacrifices consentis par les peuples des États membres requéraient en contrepartie que fonctionne la préférence communautaire, la préférence de chaque État européen envers les productions de chaque autre État européen. C’est le contraire qui s’est produit car l’ensemble européen a été livré aux intérêts mondialistes avec les conséquences que l’on connaît. Il faut avoir le courage de le dire. Soit on pratique le libre échangisme généralisé à l’échelle de l’univers, soit on construit un ensemble régional dans le cadre européen; on ne peut pas faire l’un et l’autre.
Les conséquences sont connues, nos industries sont ruinées les unes après les autres, notre agriculture condamnée à l’horizon 2013, et même nos services sont en sursis. L’Europe a créé du chômage, de la précarité, de la pauvreté, en ouvrant inconsidérément ses frontières. Il est très significatif que M. Schulz ait fixé comme objectif à l’Europe que les jeunes puissent avoir un travail qui leur permette de fonder une famille, d’acquérir un patrimoine minimal. Mais si M. Schulz en est à dire cela et à fixer cela comme objectif à l’Union européenne, c’est donc bien que l’Union depuis 50 ans n’a pas rempli cet objectif minimal, lequel est beaucoup mieux rempli partout ailleurs dans le monde où les développements sont beaucoup plus importants que dans l’Union.
Alors retrouvons la fierté de nos racines, de nos traditions, de nos nations souveraines! Cela n’a rien à voir avec la haine, Monsieur Schulz. Retrouvons une saine et fructueuse coopération à tous les échelons et dans tous les secteurs. Le nom de notre groupe – Tradition, identité, souveraineté – est, à cet égard, le signe précurseur d’un nouveau printemps politique de l’Europe.