Nous évoquions en octobre 2006 l’article paru sur le site oulalala.net sur l’action d’une fondation néerlandaise qui s’est fait prêter une machine à voter NEDAP, machine qui équipe 90 % des bureaux de vote des Pays-Bas. « Le logiciel a été examiné par des experts indépendants » pour la première fois dans ce pays. Cette fondation néerlandaise « détaille comment elle a modifié une machine de vote du fabricant NEDAP, d’un modèle utilisé aux Pays-Bas et en France, pour attribuer le pourcentage des voix d’un parti politique à un autre parti. Le document décrit en détail comment des personnes pouvant avoir accès aux dispositifs avant l’élection peuvent truquer la machine pour avoir le contrôle du résultat de l’élection, ceci de façon pratiquement indétectable ». « Les ordinateurs de vote s’avèrent être désormais une attaque contre notre démocratie. L’impression d’un bulletin papier vérifiable par l’électeur permettant un recomptage des voix a posteriori en cas de contestation doit être une exigence incontournable. Il reste de la responsabilité du Ministre de l’Intérieur d’imposer en France un moratoire sur le vote électronique afin d’ouvrir un vrai débat sur les machines à voter dans notre pays, au risque que le scandale des machines à voter s’invite dans la campagne des élections de 2007 » s’inquiétaient les auteurs de l’article (FDA Quotidien du 20/10/2006). Pourtant le 22 avril prochain, ce sont un million de Français qui voteront par l’intermédiaire des machines électroniques. Chercheuse au CNRS et maître de conférence en informatique à Nantes Chantal Enguehard souligne elle aussi que « n’importe qui peut falsifier un programme informatique (…). A aucun moment l’électeur face à cette machine ne peut vérifier que son vote a été correctement enregistré. Des tests scientifiques ont été menés prouvant qu’en moins de deux minutes on peut retirer (…) les mémoires du programme et les remplacer ». « L’Etat ne comprend rien en informatique » note encore Mme Enguehard, « par conséquent, il a mis au point cent quatorze exigences liées à ces machines ; mais c’est nettement insuffisant. Le pire est que ces machines sont fabriquées par trois sociétés privées étrangères sur lesquelles l’Etat n’a aucun pouvoir. Mieux, ce même Etat n’a même aucune information sur le profil des programmateurs (…). Le risque majeur est que le peuple n’ait plus le droit de regard sur le scrutin. Il ne faut pas oublier que c’est lui qui fait la démocratie. On ne peut déléguer son pouvoir de vote à une machine dont l’opacité de fonctionnement est reconnue par des spécialistes ». Précisons pour notre part que Michel Guiniot, président du groupe Front National de Picardie, s’est ému de la volonté du maire de Noyon, municipalité où le FN fait de très gros scores, d’imposer à tout prix des machines de vote électroniques