Jean-Marie Le Pen était mardi soir l’invité du journal télévisé de France 2 juste après un reportage sur la campagne législative à Hénin-Beaumont, située au cœur de la XIVème circonscription du Pas-de-Calais où Marine Le Pen mène une campagne de proximité particulièrement active –sa réunion publique la semaine dernière a attiré plus de 300 personnes- au grand dam de ses adversaires de l’Etablissement. Questionné sur le recul subi lors de la présidentielle avec un million de voix perdues sur cinq par rapport à 2002, le président du FN a rappelé que « ce n’est pas la première désillusion » subie par son Mouvement au cours de son existence au service de la renaissance nationale. « Quand le temps est mauvais le rôle du commandant n’est pas de se retirer mais de monter sur la passerelle » a-t-il encore expliqué, à l’heure où il multiplie les déplacements en province pour soutenir les candidats frontistes. Interrogé par David Pujadas sur les sondages créditant le FN de 5 à 6¨% des voix le 10 juin, Jean-Marie Le Pen a rappelé qu’il était « beaucoup plus difficile de sonder pour des élections personnelles sur 577 candidats que pour la présidentielle ou il y en a douze ». « Nous visons le meilleur objectif possible, a récupérer une partie des voix que nous avons perdues. Nous avons fait 2,8 millions de voix aux législatives de 2002, c’est-à dire un million de voix de moins que ce que j’ai fait à la (dernière) présidentielle. Par conséquent nous avons une certaine marge de manœuvre, mais je compte sur les Français, sur les électeurs du FN pour ne pas nous laisser tomber parce que pendant 5 ans ils auront besoin de nous. Ils auraient tout à fait tort à se livrer pieds et poings liés à M Sarkozy et à sa majorité parce qu’il n’a pas encore tenu les promesses qu’il a faites. Je dirai même que dans une certaine mesure ce qu’il a commencé à faire va à l’inverse de ce qu’il avait promis de faire. Le gouvernement à un discours électoraliste, un discours de promesses, par conséquent c’est après le 17 juin que l’on saura ce que va faire le gouvernement, mais je note (que Sarkozy) a fait une ouverture à gauche en appelant pourtant la droite à voter pour lui, et même l’extrême droite si j’ose dire, puisqu’il a utilisé une grande partie des thèmes du Front National et il s’est précipité à Berlin pour mettre en route un nouveau traité constitutionnel alors que nos compatriotes l’ont rejeté à 55% ; il va à l’inverse de ce que souhaite les Français ». Quant au ministère de l’immigration confié à M. Hortefeux, celui-ci a annoncé qu’il entendait poursuivre la politique de Sarkozy dans ce domaine « qui a été extrêmement médiocre » a-t-il relevé. Dans le cadre des législatives, « J’ai souhaité que l’UMP n’ait pas l’attitude à notre égard qu’elle avait sous Jacques Chirac ou elle faisait voter pour les communistes et les socialistes pour faire battre le FN. Si elle n’avait pas cette attitude là nous en tiendrions compte nous aussi dans les désistements ». Reste que le secrétaire général du parti sarkozyste, Patrick Devedjian a dit qu’il n’envisageait pas de soutenir le candidat FN arrivé en tête en tête. « Cela veut dire que l’’UMP continue dans l’ornière qui est la sienne, à marquer sa sympathie pour la gauche. Les électeurs doivent en tenir compte dimanche prochain » a estimé le porte-parole de l’opposition nationale. « Je le regrette parce que cela ne correspond pas aux aspirations des Français et aux discours tenus pendant la campagne » a encore relevé Jean-Marie Le Pen qui a annoncé qu’il serait candidat à sa propre succession lors du prochain congrès de son Mouvement en novembre prochain.