Paru dans Libération mardi 12 juin, l’étude réalisée par LH2 sur le premier tour des législatives modère l’enthousiasme de ceux qui, à l’instar des caciques de l’UMP qui se sont succédés sur les plateaux dimanche soir, ont martelé doctement que les électeurs FN étaient solubles dans le sarkozysme. Cette enquête relève que ce sont « les jeunes et les électeurs du Front National qui ont le plus boudé les urnes », abstention qui a frôlé les 40%. « Par-delà la très large victoire de l’UMP, les Français demeurent prudents face à l’expérience Sarkozy, et ils en perçoivent dès aujourd’hui certaines limites » note François Miquet-Marty, directeur des études politiques de LH2, qui explique qu’il « est inexact de soutenir que la gauche aurait été plus abstentionniste que la droite ». « C’est en fait chez les partisans de Jean-Marie Le Pen que l’on trouve le plus d’électeurs ayant refusé de se rendre aux urnes ». ¬ Soulignant l’incontestable transfert d’une partie des voix lepénistes à la présidentielle et frontistes sur les candidats de l’UMP lors de ce premier tour des législatives, le sondage LH2 montre qu’il serait néanmoins « imprudent d’en déduire que les voix frontistes (…) ont toutes rejoint le giron de la droite parlementaire. 58 % des sondés se sentant proches du FN, et 44 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen ne sont pas allés voter le 10 juin ». M. Miquet-Marty croit pouvoir en tirer la conclusion que cette grève du vote d’une partie non négligeable de l’électorat patriote s’explique par le fait que ledit électorat ce serait détourné de la figure même de Jean-Marie Le Pen, électeurs qui « n’auraient pas été convaincus par l’offre électorale proposée par le Front national ». A dire vrai, il semblerait plutôt que la très large victoire annoncée depuis des semaines de l’UMP aux législatives, succédant aux promesses mirifiques teintées de tricolore de M Sarkozy lors de la présidentielle, aient largement contribué à la démobilisation des électeurs nationaux. Lesquels attendent de juger sur pièce dans les prochains mois les résultats de la politique qui sera menée.