En pleine méthode Coué, le gouvernement, qui table par ailleurs sur une inflation à 1,6%, contre 1,8% en 2007, annonce des déficits publics (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) s’élevant à 2,3% du PIB en 2008, contre 2,4% cette année. Rappelons que le seul déficit du régime général (salariés) de la Sécurité sociale s’élève à 12,7 milliards euros cette année. De même le gouvernement a confirmé que l’hypothèse de croissance retenue par lui pour bâtir son budget était de 2,25% – la majorité des économistes table sur une croissance française de 1,8-1,9% en 2008 – alors que tous les effets de la crise financière ne sont pas encore connus. Le gouvernement fonde aussi ses calculs sur un euro à 1,37 dollar en moyenne l’an prochain, alors que la monnaie unique semble partie pour continuer sa progression. Comme l’a noté Jean-Marie Le Pen, « le premier budget de l’ère Sarkozy est un budget de routine, fondé comme d’habitude sur des hypothèses « optimistes », sans pour autant que soit prévue une réduction visible de la dette et des déficits (…) ; ici comme ailleurs, on cherche en vain la rupture ». Le Président du FN n’est pas le seul à le penser, l’AFP donne ainsi la parole à plusieurs économistes qui contestent que le budget 2008 symbolise la « rupture » promise par Sarkozy pendant sa campagne. « Tout au plus, pourrait-on parler d’une rupturette », affirme l’économiste Marc Touati. « A l’exception du crédit d’impôt recherche et du non-remplacement de 22.900 fonctionnaires partant à la retraite, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le déficit restera fort et la dette publique élevée ». Pour Jacques Marseille, professeur à l’université de Paris-I Sorbonne, « le non remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, l’une des mesures phares du budget, est loin de la volonté de rupture telle qu’elle a été pratiquée dans les pays confrontés aux mêmes problèmes que nous mais qui ont fait des choix plus drastiques ». Le budget est marqué « par le poids de la fonction publique, le poids de la dette et le manque d’investissement ». Mathilde Lemoine, directrice des études économiques d’HSBC France, citée dans le quotidien économique La Tribune, déclare que « l’objectif de déficit de 2,3% du PIB sera difficile à tenir » au regard « de la perte de vitesse de la zone euro », « on enregistrera en 2007 et 2008 des niveaux de déficit qui ne stabiliseront pas la dette ».