Admettons le, ce XIIIème Congrès du Front National des 17 et 18 novembre à Bordeaux ne se déroulait pas forcément sous les meilleurs auspices : la déception engendrée par les résultats électoraux du printemps dernier a pu laisser des traces et incliner au découragement celles et ceux qui luttent souvent depuis tant d’années contre vents et marées. S’ajoutait à cela la difficulté pour certains de comprendre les enjeux d’un Congrès sans suspense, un seul candidat étant en lice pour la présidence du Mouvement. Sans même parler des grèves qui ont paralysé les transports en commun et empêché beaucoup des 1643 inscrits de se rendre à Bordeaux…Autant de handicaps et d’interrogations qui ont été en grande partie levés. La réélection de Jean-Marie Le Pen, les perspectives d’avenir et les grandes lignes d’actions tracées par les dirigeants du FN, les travaux en ateliers et en commissions, le discours de clôture, très volontariste, du Président du Front National, ont donné l’image d’un Mouvement qui ne baisse pas les bras, animé d’une ardeur nouvelle dans l’épreuve, bien décidé à reprendre toute sa place, et plus que cela, au sein de l’échiquier politique. C’est cette détermination qui a été le leitmotiv de toutes les interventions des dirigeants frontistes qui ont aussi souligné la tartufferie, l’hypocrisie et au final, la nocivité de la politique sarkozyste, attentatoire comme les précédentes à la souveraineté, aux libertés, à l’identité françaises.
Démocratie directe et transparence
A l’occasion de ce Congrès national qui correspondait statutairement à l’Assemblée générale du FN, a été appliqué pour la première fois le vote direct de tous les adhérents. Le mode de désignation du président du FN et des membres du Comité central s’est fait selon le principe Un homme, une voix, répondant à la volonté de démocratie directe et de transparence des instances dirigeantes. C’est sous les salves d’applaudissements qu’a été proclamée dimanche la réélection de Jean-Marie Le Pen avec 97,67% des suffrages des adhérents ayant pris part au vote (taux de participation 53,9%, bulletins blancs et nuls 2,33%). Le Président du Front National a annoncé ensuite la composition du Comité central, élu par plus de la moitié des adhérents (taux de participation de 51,4%). Le nouveau Comité central a été ensuite réuni par le Président du FN, dont les membres ont validé à l’unanimité par leur vote la composition du nouveau Bureau Politique. Un Bureau politique resserré, dans un souci d’efficacité, qui est passé de 50 à 35 membres –dont trois nouveaux venus : Steve Briois, Edouard Ferrand et Thierry Gourlot- mais un « BP » équilibré, dans lequel toutes les sensibilités du Mouvement national sont représentées.
Remaniements
Comme l’a précisé Jean-Marie Le Pen lors de son discours de clôture, «ces réformes de structure sont indispensables au rebond du Front National, et elles prendront effet au plus vite après le Congrès ».En ce qui concerne le Bureau exécutif et en dehors des fonctions statutaires : Président, Secrétaire Général (Louis Aliot), Trésorier National (Jean-Pierre Reveau) , a été crée deux Vices présidents exécutifs : « l’un, Bruno Gollnisch, est chargé des Affaires Européennes et Internationales : du groupe parlementaire à reconstituer au Parlement européen, des relations avec les partis amis et plus généralement avec les pays étrangers ; de la supervision de la Fédération des français de l’Etranger. Il est également en charge des CAP et du pré-gouvernement. L’autre Vice-président exécutif, Marine Le Pen, dirigera les Affaires intérieures, soit la Formation des cadres et des militants FN ; l’Information, et la Coordination des services de communication ; la Propagande; l’automatisation des procédures administratives et l’informatisation des structures frontistes. Le Secrétariat général reste quant à lui chargé de l’animation, de la direction et du contrôle des fédérations. Le Trésorier National assure la gestion et le contrôle des comptabilités de fédérations. Il est crée un poste de trésorier adjoint et un poste de contrôleur des dépenses engagées ». Outre le Président, le Secrétaire général le Trésorier National, et les deux Vices Présidents Exécutif susnommés, le Bureau Exécutif comprend quatre Vice-présidents : Roger Holeindre, Alain Jamet, Jean-Claude Martinez et Wallerand de Saint-Just, qui fait son entrée au sein de celui-ci.
« Un seul but : la prise du pouvoir »
Jean-Marie Le Pen appelait de ses vœux un Congrès de reconquête. Il a donc été entendu sans ambiguïté aucune par les adhérents qui lui ont donné leur blanc-seing pour mener à bien le nécessaire redressement politique et électoral de l’Opposition nationale. « Notre Congrès de Bordeaux doit être celui du rebond, de la Refondation. Le Front National va montrer que non seulement les difficultés ne l’affaiblissent pas mais qu’au contraire, il y puise une volonté et un dévouement plus forts. Comme l’a toujours professé notre ami Carl Lang, « Tu dois tout au parti, le parti ne te doit rien».En revanche, les échecs électoraux ne doivent surtout pas nous conduire à changer de cap, voire à emprunter des chemins sans avenir » a affirmé le Président du FN. Louis Aliot a martelé lui aussi la nécessité d’améliorer sans cesse une « machine Front (qui) est en convalescence mais (qui) est bel et bien là ! Fidèle à ses engagements du début, et dont le combat est au cœur des préoccupations actuelles. Un combat pour la vie, un combat de survie nationale que seul un mouvement déterminé, cohérent et exemplaire peut mener face à la décadence ambiante (…). Notre structure est certes imparfaite mais elle est un bien commun précieux qui doit être préservé et amélioré sans cesse. « L’anarchie est partout quand la responsabilité n’est nulle part » disait Gustave Le Bon. C’est ce principe essentiel qui doit être de rigueur à tous les échelons du FN » a réaffirmé le Secrétaire général. Marine Le Pen a insisté pareillement sur le fait qu’au moment« où le pays connaît l’invasion étrangère la plus terrible de son histoire, chacun doit se reprendre, s’apaiser, retrouver la voie du compromis national et avec lui rendre à notre famille politique son équilibre serein (…). Il faut que les militants nationaux à nouveaux unis sous la bannière du Front national se sentent soudés dans l’action dans une fraternité retrouvée (…). Il faut redonner au Mouvement sa vocation offensive c’est-à-dire celle d’une structure qui ne tend qu’à un seul but: la prise du pouvoir. Partout, nous devons nous fixer un triple objectif: Recruter, Former, Implanter. C’est sur cet ensemble de valeurs qui sont celles du réalisme politique, de l’efficacité et de l’unité et sur ces valeurs uniquement que se réveilleront la flamme militante, la magie militante, la fraternité militante ». Une même volonté exprimée par Bruno Gollnisch : « rassemblons-nous le plus largement possible, en laissant de côtés nos désaccords, car ils sont le plus souvent moins essentiels que ce qui nous unit. Nous devons nous garder du pire de nos ennemis : le découragement, sans sacrifier nos idées à la dictature du politiquement correct, comme l’a fait inlassablement Jean-Marie Le Pen ».