Se déroulait dimanche le premier tour de l’élection législative partielle de la 8ème circonscription du Val d’Oise dans laquelle se situe la ville de Villiers-le-Bel, ravagée dernièrement par les émeutes que l’on sait. Une circonscription qui n’est pas la meilleure de ce département pour le Front National, dont le candidat aux dernières législatives, Roger Eliman, avait réuni 4% des suffrages. Réélu assez facilement au second tour (plus de 55% des voix) face à l’avocate sarkozyste et « pipole » Sylvie Noachovitch, le socialiste Dominique Strauss-Kahn avait finalement démissionné pour cause de nomination très « gratifiante » à la présidence du FMI, grâce au soutien de Nicolas Sarkozy, ce qui a entraîné cette élection partielle. Outre Mme Noachovitch concourant de nouveau pour l’UMP, le candidat du FN, Jean-Michel Dubois, avait comme adversaire le maire socialiste de Sarcelles, François Pupponi, dont il a dénoncé ces dernières semaines les dépenses somptuaires et la gestion calamiteuse des affaires publiques. Face au clientélisme et à la démagogie des uns et des autres, le candidat du Mouvement de Jean-Marie Le Pen avait fort à faire pour s’imposer, même s’il bénéficiait dans cette circonscription d’amis sincères, notamment au sein de la communauté des chaldéens, des chrétiens irakiens. Aussi Jean-Michel Dubois a-t-il mené une active campagne de terrain, soutenue notamment par Marine Le Pen sur le marché de Sarcelles-village, et les militants frontistes n’ont pas chômé en distribuant des milliers de tracts et en collant des affiches qui ne sont pas passées inaperçues sur le thème de l’insécurité avec ce slogan imparable : « Mais où est la rupture promise par Sarko ? ». Dimanche soir, le socialiste François Pupponi est arrivé en tête avec 38,83% des suffrages et 168 voix d’avance sur Sylvie Noachovitch (37,43%), dans un scrutin marqué par un très faible taux de participation (25,06% contre 50,89% en juin dernier). Si les deux représentants de l’UMPS réalisent un pourcentage équivalent à celui de leurs formations respectives dans cette même circonscription il y a six mois, tout en divisant leur nombre de voix par deux, le frontiste Jean-Michel Dubois se hisse en troisième position avec 7,47% des voix – 10,53% à Villiers-le-Bel – devant le communiste Francis Parny (6,03%), Rachid Adda du MRC (3,13%), Jean-Michel Cadiot du Modem (3,04%), Philippe Guegdes de la LCR (2,48%) et Chantal Gourinel des Verts (1,57%). Bref un résultat encourageant pour le FN – la presse ne s’y est pas trompée – qui démontre que l’opposition nationale, certes encore convalescente, s’est bien engagée sur le chemin de la reconquête au moment où certains l’avait enterrée un peu trop vite… Jean-Michel Dubois s’est félicité du fait que le FN, « plus que jamais incontournable », soit redevenu « la troisième force politique du Val d’Oise ». Pour autant, a-t-il noté, « cette élection pourrait être considérée comme illégitime par son trop faible taux de participation et par la consécration qu’elle donne à tous les systèmes clientélistes. François Pupponi est le prometteur du communautarisme et d’une gestion très personnelle. Sylvie Noachovitch, méprisante à l’égard de l’électorat FN et refusant l’instauration d’une dose de proportionnelle, ne peut en aucun cas, espérer le soutien de nos électeurs. J’appelle donc, dans les conditions climatiques actuelles, les électeurs qui m’ont fait confiance à rester chez eux en famille et bien au chaud dimanche prochain, afin de ne pas risquer d’attraper le virus de la grippe affairiste ».
« Régression morale », « perversité intellectuelle »
Le parquet général de la Cour d’Appel de Lyon a requis jeudi à l’encontre de Bruno Gollnisch la confirmation des trois mois de prison avec sursis et des 5.000 euros d’amende infligés – auxquels il faut ajouter la somme de 55.000 euros de dommages et intérêts aux différentes associations qui s’étaient portées partie civiles, du type Mrap et SOS racisme –, au motif proprement sidérant de « contestation de crimes contre l’humanité ». A la genèse de cette affaire, la conférence de presse tenue par le dirigeant frontiste le 11 octobre 2004 où, interrogé par un journaliste sur les horreurs du second conflit mondial, il avait déclaré qu’il « ne (niait) pas les chambres à gaz homicides », qu’il « ne (remettait) pas en cause les déportations » ni « les millions de morts » des camps nazis. Mais il s’était aussi prononcé en faveur de la liberté de recherche historique et critiqué la loi Fabius-Gayssot, aujourd’hui très largement contestée par des intellectuels venus de tous les horizons politiques. Lors de l’audience, son avocat, Me Wallerand de Saint-Just, a plaidé la relaxe et démontré que Bruno Gollnisch est poursuivi sur la base de propos « tronqués et modifiés », soulignant le règne du « deux poids deux mesures » dans cette affaire. Si la Cour a mis sa décision en délibéré au 28 février 2008, la réquisition de l’avocat général a d’ores et déjà fait réagir Bruno Gollnisch qui nous a confié sa « tristesse » devant « la régression morale », « la perversité intellectuelle » ambiante. « La seule chose qu’on peut réellement me reprocher est d’avoir critiqué le Tribunal de Nuremberg, au sein duquel siégeaient les représentants de la sanglante dictature stalinienne, critique qui existe pourtant dans les livres d’histoire ». Ce qui vaut à Bruno Gollnisch cet acharnement judiciaire, accusé incroyablement de « minoration abusive » des atrocités subies par les Européens de confession juive sous le régime nazi.
« Méfions nous du délit de sale gueule »
Dans son livre récent, « J’ai le droit de tout dire », Philipe Bilger, avocat général à la Cour d’Appel de Paris, que l’on aura du mal à faire passer pour un dangereux extrémiste, s’attarde sur cette affaire. « A analyser de près les propos incriminés de Bruno Gollnisch, écrit-il, en les retirant de la bouche de celui-ci pour les imaginer proférés par n’importe quel quidam qui s’intéresserait un peu à l’histoire, on aurait tendance à les qualifier de banalités tant ils semblent énoncer des évidences. Absence de négation des chambres à gaz homicides. Il n’est pas spécialisé et préfère laisser les historiens débattre. Obligation d’une discussion libre. Y-a-t-il de quoi, dans ces trois concepts, alerter la conscience morale et le sens civique, l’ire judiciaire et la réprobation médiatique ? Sauf à interdire qu’une discussion vienne parasiter l’essentiel de la tragédie, sauf à dénier à quiconque l’exercice de toute faculté critique au sujet d’une période qui doit demeurer hermétiquement close ». « A mon sens (…), poursuit Philipe Bilger, Bruno Gollnisch (…) a raison de dénoncer « une grave dérive de la pensée » et une « défaite de la liberté d’expression ». « Méfions nous du délit de sale gueule en matière de liberté d’expression », poursuit le magistrat qui dénonce une « immense chape de plomb lourde ou soyeuse qui censure, interdit promulgue ou impose », « une présomption de parole malfaisante et maléfique à l’encontre de quelques uns », de « Bruno Gollnisch » à « Christian Vanneste », de « Jean-Marie Le Pen » à « Alain Finkielkraut », en passant par « Dieudonné » ou encore « Georges Frêche ».