Comme l’a noté Marine Le Pen, invitée mardi de Canal +, l’information du jour n’est pas le « conte de Noël à petit budget » de « Sarkozy de Monaco » avec une chanteuse de variété. Il s’agit là « « d’une pauvre manœuvre de communication qui a peut-être vocation à faire oublier les problèmes du pouvoir d’achat, à faire oublier Kadhafi ». Non, « l’information d’aujourd’hui, c’est la disparition, la liquidation, une de plus, d’un grand chausseur de luxe français », Charles Jourdan, a relevé la vice-présidente exécutive du Front National. Alors certes, pour détourner l’attention des Français, Sarkozy en fait des tonnes, « (naviguant) avec des coups politiques, des coups médiatiques, de multiples propositions qui s’annulent les unes les autres, comme le fait d’annoncer successivement une hausse du pouvoir d’achat basée sur les heures supplémentaires, puis la suppression des 35 heures, ce qui ruine la première mesure ». Cette liquidation de l’usine Charles Jourdan à Romans (Drôme) est aussi le fruit de « l’idéologie » du « mondialiste Nicolas Sarkozy », alors que le Front national entend, lui, « s’opposer aux conséquences désastreuses de la mondialisation » a rappelé la dirigeante frontiste. A cette aune en effet, les larmes de crocodiles versées sur le sort des salariés de cette usine de Romans, aussi bien par les internationalistes de gauche que par les mondialistes de droite, tout ce beau monde communiant dans le refus de tout protectionnisme et du rétablissement des protections douanières, sont particulièrement écœurantes. Joël Cheval, Secrétaire départemental FN de la Drôme, conseiller régional et conseiller municipal de Bourg-de-Péage, commune limitrophe de la ville de Romans, toutes deux des municipalités dirigées par le PS, n’a pas voulu cautionner lundi la motion hypocrite de solidarité avec les salariés de Jourdan votée par la majorité de gauche. « Je refuse de m’associer à une dérisoire opération de communication politique » de la part de gens qui ne manquent pas une occasion « pour se prononcer pour les prétendues vertus de l’Europe, alors que celle-ci par ses frontières passoires, favorise le dumping social, la financiarisation de l’économie et la ruine de nos industries », a-t-il déclaré.
Sacrifié sur l’autel du libre-échangisme mondialisé
Joël Cheval a réaffirmé sa « solidarité aux salariés ainsi qu’à leurs familles, qui à juste titre, peuvent se sentir floués par des pouvoirs publics qui laissent sans aucun garde-fou législatif, détruire l’emploi, le savoir-faire, et la vie économique d’un bassin économique autrefois prospère et dynamique ». L’élu frontiste a rappelé qu’il y a deux ans, il avait accepté de s’associer au même type de motion de la municipalité. Or, deux mois après, au Conseil Régional, Nathalie Niseon, maire-adjoint et conseiller régional, votait avec son groupe PS des subventions pour l’équipement d’une École technologique de la chaussure et la formation de ses professeurs, au Vietnam à Dong Naï ! A l’exception du groupe FN, les groupes UMP, UDF, PS, PC et Verts de la Région avaient débloqué à cette fin 150.000 €, école qui avait déjà touché de cet exécutif régional « 666.000 € pour la formation de ses enseignants à nos techniques de fabrication ! ». Aussi, Joël Cheval n’a-t-il pas manqué de rappeler la contradiction qu’il y avait à prétendre défendre l’industrie de la chaussure à Romans, et à financer la préparation des délocalisations en Asie, sous couvert de « coopération décentralisée ». Cette liquidation judiciaire de l’usine Charles Jourdan mettant sur le carreau 197 salariés, survient après le licenciement, il y a deux ans, des 146 salariés des établissements Kellian à Bourg-de-Péage, au terme d’une liquidation judiciaire. Au début des années 70, l’industrie de la chaussure employait plus de 4500 salariés dans le département de la Drôme, pour moins de 1300 début 2000. Un secteur de la chaussure qui est menacé d’extinction en Europe par l’agressivité commerciale de la Chine, mais aussi et surtout par l’addition de faiblesses qui caractérise la politique du mollusque européen. En juin 2005, l’eurocrate Peter Mandelson mettait férocement en garde « ses partenaires européens contre la tentation d’ouvrir les vannes à des demandes de protection d’autres secteurs industriels » que celui du textile, pour lequel il était parvenu à un accord boiteux avec Pékin. Boiteux puisque le principe même de toute préférence communautaire n’a jamais été une obligation légale, sacrifiée dès le départ sur l’autel du libre-échangisme mondialisé. Or selon des chiffres publiés au même moment par Bruxelles, les exportations de six catégories de chaussures de la Chine vers l’Europe avaient été supérieures de 681% sur les quatre premiers mois de l’année par rapport à leur niveau de l’année précédente, la hausse dépassant même les 1000% pour certaines catégories de produits, tandis que les prix de ces articles chutaient de 28% dans le même laps de temps (FDA Quotidien du 16/06/2005).
Il n’y a pas de fatalité
Pour autant, cette crise de l’industrie française n’est pas une fatalité, affirme le Front National qui a développé une série de mesures pour défendre les emplois français, présentée notamment par Joël Cheval lors d’une conférence de presse qu’il avait tenue en 2005 lors de la liquidation des établissement Kellian (FDA Quotidien du 30/08/2005). De prime abord, « l’établissement de contingents d’importation ou des barrières tarifaires sur les produits importés à bas prix. En l’occurrence l’instauration d’un protectionisme moderne par le biais de droits douaniers modulables et remboursables ». Ensuite, « l’allègement des coûts salariaux, par la subsistution d’une TVA sociale supportée par les produits importés à bas prix ». De la même façon, il s’agirait de limiter la concentration des capitaux et du pouvoir de décision de la finance dans les différentes filières et industries en réhabilitant le rôle de l’État (à l’instar de la loi anti-trust aux USA) et le rôle des branches professionnelles des différents métiers. Toujours dans la même optique, le FN souhaite la création de « pôles Recherche et de Développement où salariés, cadres et dirigeants mutualiseront leurs efforts commerciaux et technologiques, grâce au soutien des pouvoirs publics ». Enfin, s’inspirant des travaux du prix Nobel d’Economie Maurice Allais, les spécialistes et économistes du Front National réclament urgemment « le rétablissement des relations Europe-Monde sur la base de la préférence communautaire ».