Alors que des millions de nos compatriotes ne trouvent pas de logements sociaux et sont victimes, même quand ils travaillent, de l’explosion du prix des loyers qui les contraint à vivre dans des conditions de précarité extrême, Jean-Paul Bolufer, ancien directeur de cabinet de Christine Boutin, a été obligé de démissionner suite à des révélations parues dans Le canard enchaîné sur son logement parisien. Appartement qu’il occupe à bas prix, par le biais de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), propriétaire de son appartement. M. Bolufer, qui ne souhaite pas subir seul le déchaînement médiatique, a eu beau jeu de préciser que tous les petits copains du Système profitent de cette manne. « 200 000 personnes sont dans cette situation d’être locataire d’un appartement parisien au loyer très modéré tout en ayant des revenus élevés », a-t-il dit. « Il est normal d’être un fusible (quand on est directeur de cabinet), mais je ne veux pas être un bouc émissaire », a poursuivi M. Bolufer, qui demande que la RIVP rende publics l’ensemble de ses appartements, leurs localisations, leurs surfaces, leurs loyers… Prenant les devants, Marie-Christine Blanchard-Amelin, la chef de cabinet de la secrétaire d’Etat à la politique de la Ville, la socialiste Fadela Amara, logée dans une HLM de 80m2 pour 420 euros par mois, s’est dite prête à payer un surloyer « si la réglementation l’exige ». Pour faire bonne mesure, Mme Amelin en a rajouté dans la tirade politiquement correcte sur RTL en affirmant qu’il fallait « que toutes les couches de la population soient mélangées, de façon à ce qu’on évite les ghettos et qu’on sorte de cette situation qui devient impossible, dans les banlieues par exemple ». Jusqu’alors les cadors de l’UMPS n’ont pas vraiment donné l’exemple en matière de « mixité » immobilière et géographique. A croire que la société plurielle dont ils vantent les bienfaits à nos compatriotes, n’est pas si idyllique que cela…
Nicolas comme Benoît ?
Avec les fêtes de noël et les dérogations traditionnelles d’ouvertures accordées aux magasins, la question du travail le dimanche fait de nouveau débat. Nicolas Sarkozy avait déclaré le 29 novembre qu’il voulait que les salariés souhaitant travailler le dimanche « puissent le faire sur la base de l’accord, du volontariat, qu’ils soient payés le double ». Il souhaite également «que l’on puisse élargir les possibilités de travailler pour créer la croissance ». Jeudi, le projet de loi Chatel sur la consommation était débattue, et le Parlement a donné son feu vert au travail du dimanche dans les magasins d’ameublement. Au moment souligne l’AFP, « où le président Nicolas Sarkozy était reçu par le pape Benoît XVI au Vatican, attaché à ce jour de repos chrétien »…Beaucoup de spécialistes du monde économique n’ont pas manqué d’affirmer que l’ouverture sept jours sur sept des magasins était l’archétype de la fausse bonne idée puisqu’elle ne saurait avoir un impact sur la relance de la consommation, sachant que le salaire des consommateurs reste le même et que la somme d’argent qui est dépensé sur six jours le sera désormais simplement sur sept…
Liberté et défense du petit commerce
Le 8 janvier dernier, sur le plateau de l’émission, « Mots croisés » sur France 2, Marine Le Pen avait donné son sentiment sur cette question, tenant en un mot : liberté. «Les Français déclarait-elle, doivent avoir la liberté de travailler mais la contrepartie c’est qu’ils soient bien payés. Moi je veux bien entendre les arguments consistant à évoquer la vie de famille. Mais si la vie de famille c’est se regarder en chien de faïence pour partager un poulet divisé en douze je ne suis pas du tout sûre que ce soit ce que les Français attendent. Laissons dans ce domaine comme dans d’autres, la liberté aux Français ». Une position de bon sens que le FN entend concilier avec la défense du petit commerce menacée par la grande distribution. Dernièrement encore la vice-présidente exécutive du FN a dénoncé la complaisance dont bénéficie cette grande distribution au sein de nombreuses municipalités tenues par les politiciens de l’établissement. Une offensive contre les commerçants et artisans d’autant plus criminelle que les commerces de proximité, au-delà du rôle économique qui est le leur, ont des vertus qui n’échappent plus à personne. Chacun sait qu’ils contribuent notamment à maintenir de la vie, des échanges, une animation dans les villages comme dans les quartiers des grandes villes.
« Victimes de l’insécurité juridique »
Il ya quatre ans déjà, à l’époque du lancement du premier ballon d’essai en faveur du travail le dimanche, l’Union des professions artisanales, la fédération du commerce CFTC avait battu en brèche les arguments avancés alors par Patrick Devedjian, selon lesquels une telle dérogation créerait « entre 10 000 et 15 000 emplois ». Un projet accueilli avec satisfaction par les réseaux de la grande distribution, mais qui aurait surtout pour effet « de détruire des emplois dans le petit commerce, qui n’a pas les moyens d’ouvrir sept jours sur sept, et de fragiliser des employés qui deviendront le dimanche des « volontaires forcés ». Quant à l’union départementale CFTC Paris elle relevait il y a quinze jours que les petits commerces sont « victimes des ouvertures illégales, des promotions mirobolantes (des hypermarchés), et du désintérêt d’une grande partie de la classe politique », alors que « ce sont des milliers d’emplois que l’on détruit ».
Ils sont aussi « victimes de l’insécurité juridique dans les banlieues où l’on ne pratique pas la tolérance zéro pour les délits économiques comme les ouvertures illégales le dimanche ».
Le symbole du dimanche
Fort du soutien de la Chambre de commerce de Paris, le dénommé Pierre Blanc, auteur d’un rapport favorable à l’ouverture des magasins le dimanche -autres bien sûr que les traditionnels commerces de bouche ouvert en général le dimanche matin- avançait en effet début juillet 2003 un argument massue qu’il n’est pas inutile de reproduire in extenso: « la légitimité du repos dominical se base sur la tradition chrétienne. Or pour les musulmans, c’est le vendredi et pour les juifs, le samedi. Pourquoi ne pas laisser le choix au commerçant ? »… Bref, au-delà de toute considération matérielle, c’est le symbole même du dimanche, sa résonance au sein de notre civilisation, qui est menacé par des personnes qui voient dans les traditions, les us et coutumes français, un frein insupportable à l’avènement d’une société où les individus seraient réduits au simple rôle de consommateur déraciné et interchangeable.