Entouré par un impressionnant dispositif policier, la visite de Nicolas Sarkozy lundi à Sartrouville (Yvelines) a eu pour objet de débiter quelques slogans démagos, bien au chaud dans le commissariat de cette commune. Un chef de l’Etat qui reprend la route de la province pour tenter d’enrayer le mécontentement grandissant dans l’opinion, tel que l’illustrent les derniers sondages – voir nos précédentes éditions. Selon le baromètre mensuel de l’institut BVA qui vient d’être publié, 56% des personnes interrogées (en augmentation de six points par rapport au mois dernier) jugent aujourd’hui la politique économique du gouvernement « mauvaise » contre 39% d’avis contraires. « Les mauvaises opinions ont progressé de 20 points en quatre mois, passant de 36% en septembre à 56% en janvier », relève BVA qui note aussi que si 60% sympathisants dits de droite restent satisfaits par la politique menée, ce pourcentage a dégringolé de 10 points en un mois et de 18 points depuis septembre. Les Français croient de moins en moins en la capacité du gouvernement UMPS à redresser la barre. Sarkozy qui se voulait « le président du pouvoir d’achat », est aujourd’hui au pied du mur. A l’instar des autres politiciens de l’Etablissement sans marge de manœuvre économique et monétaire puisque ils ont livré notre pays pieds et poings liés aux technocrates bruxellois. Nos compatriotes sentent, peut être encore confusément, qu’il conviendrait de changer radicalement de politique pour sauver notre prospérité et nos libertés. Et cette politique alternative, seul le Front National est susceptible de l’incarner.
Mauvais tandem
Changer de politique, Sarkozy en en bien incapable, plus intéressé par sa survie personnelle que par celle de la France. Soucieux de ne pas apparaître comme trop affaibli après les échéances électorales de mars qui s’annoncent mauvaises pour son camp, le chef de l’Etat n’a pas craint de se contredire en affirmant mardi, à Pau (Pyrénées-Atlantiques), qu’il n’entendait pas se « mêler » de la campagne des municipales. Il avait assuré exactement l’inverse le 8 janvier, déclarant qu’il « s’engagerait » résolument dans ce scrutin. Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les personnes de son équipe chargées à plein temps d’analyser l’opinion pour juger de l’impact sur celle-ci de l’action du gouvernement lui ont communiqué des bulletins météo annonçant l’avis de tempête qui se lève dans le crâne des électeurs… Et les cafouillages grotesques entourant l’annonce, mardi à Vaulx-en-Velin (Rhône), du plan « Espoir banlieue » par la Secrétaire d’Etat socialiste à la politique de la ville Fadela Amara (FDA Quotidien des 15 et 17/01/2008) résument assez bien le climat malsain et l’absence de cohésion de l’attelage UMPS qui conduit la politique du pays. Même si c’est Nicolas Sarkozy qui finalement présentera ce plan dans le détail le 8 février, Mme Amara a d’ores et déjà avancé sans rire qu’elle entendait « ramener » 20.000 entreprises « au cœur des cités avec les services publics », « renforcer tout le dispositif de réussite éducative » et, cerise sur le gâteau, créer notamment « 45.000 emplois en trois ans » et « réduire de 40% le chômage des jeunes » en banlieue. « On est ambitieux », « ce ne sera pas du blabla » (sic) a-t-elle ajouté, disant vouloir « mettre le paquet » – « paquet » fourni par l’argent des contribuables – « sur 100 à 200 quartiers les plus difficiles ». Christine Boutin, Ministre du Logement et de la Ville, qui entretient avec Fadela Amara des rapports au moins aussi cordiaux que ceux qui unissent Rachida Dati et Rama Yade a exécuté d’une petite phrase l’égérie de « Ni putes Ni soumises » en jugeant mardi soir que celle-ci avait « manqué peut-être un peu de prudence » dans l’exposé de ses objectifs. Mme Boutin a bien compris, même si elle ne le dit pas, qu’elle et ses amis de l’UMP, faute du vrai courage politique consistant à s’attaquer aux causes et non aux conséquences du problème des banlieues, ne peuvent qu’agir à la marge. Et qu’ils échoueront aussi inéluctablement que leurs prédécesseurs socialistes et chiraquiens qui s’entêtent depuis des décennies à mener la même politique d’arrosage dite « de la ville ».
Mauvais prophète
Si Sarkozy a confessé en ce début d’année que les caisses sont vides, faisant écho à l’aveu d’un Fillon qui confessait que la France est en faillite, c’est encore et toujours la même ligne idéologique qui sévit au sommet de l’Etat, comme l’indique les 314 propositions du rapport du socialo-sarkozyste Jacques Attali sur « la libération de la croissance ». On notera d’ailleurs que si les medias ont longuement informé le bon peuple sur un certain nombre des mesures qui ont germé dans les cerveaux de l’équipe dirigée par le très mondialiste Attali (suppression des départements, déréglementation de certaines professions, suppression des lois Galland et Raffarin…), les faiseurs d’opinion ont été beaucoup moins diserts sur les souhaits de ce dernier d’ouvrir toute grande les vannes de l’immigration en prônant l’installation en France dans les prochaines années de dizaines de millions d’immigrés supplémentaires en provenance du tiers monde, comme l’a relevé Marine Le Pen lors d’une conférence de presse tenue le 15 janvier (FDA Quotidien du 16 /01/2008). A quelques semaines des municipales, les élus de l’UMP se sont émus des conclusions de la Commission Attali craignant qu’elle ne compromette leur réélection en affolant l’électorat. Jacques Attali a en effet sommé l’exécutif de ne pas « picorer à sa guise » dans ses propositions mais à les reprendre in extenso. Comme Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l’Assemblée, ou encore Yves Jégo, le porte-parole de l’UMP, François Fillon a tenté de calmer le jeu en invitant les députés de la majorité à « prendre possession des débats. Naturellement, c’est au Parlement de décider », a déclaré le Premier ministre. Mais il n’a pas effacé les craintes lorsqu’il a aussitôt ajouté que « chacun » devait accepter de « remettre en question ses certitudes », comprendre les quelques réflexes nationaux qui perdurent encore chez les élus qui tiennent leur mandat du peuple Français. Marine Le Pen rappelait opportunément la semaine dernière le soutien très explicite donné par Nicolas Sarkozy à son ami Attali : « Ce que vous proposerez, nous le ferons ». Assurément, cela fait froid dans le dos.