« La France est de retour » a déclaré sans rire en lisant son prompteur Nicolas Sarkozy lors d’une allocution télévisée dimanche soir pour se féliciter de l’adoption par les parlementaires du traité de Lisbonne. Dans les faits, comme l’a noté Bruno Gollnisch, ce traité, identique à la Constitution rejetée par les Français en 2005, se signale par « la mise en place d’institutions anti-démocratiques », « sans plus aucune garantie pour nos intérêts vitaux ». « La France ne sera plus qu’une collectivité locale asservie, morcelée, écartelée en Euro-Régions ou en Euro-Länder, que préfigure déjà le découpage de son territoire aux dernières élections européennes de 2004. Ce n’est pas le retour de la France en Europe ; c’est la fin (provisoire ?) de quinze siècles d’indépendance de la plus ancienne nation du monde après la Chine. C’est imposer sous une autre forme aux Français exactement le texte même qu’ils ont rejeté ». Mais cette allocution pathétique du Président de la République avait surtout pour vocation d’enrayer sa dégringolade dans les sondages, ou encore, comme l’a noté Jean-Marie Le Pen, de faire diversion devant « le flop retentissant de son plan banlieue et le grotesque vaudeville de Neuilly ». En effet dans la plus riche ville de France, la tête de liste de l’UMP et ex-chouchou de Cécilia, David Martinon, porte-parole l’Elysée, a été victime d’un putsch. Un pronunciamiento mené par le fils cadet de Nicolas Sarkozy, Jean, Arnaud Teullé et Marie-Cécile Ménard qui, en annonçant le lancement de leur propre « liste de rassemblement », l’ont acculé à se retirer.
Sarkozy annule tout…
A l’origine de ce coup de force, bien évidemment approuvée par le Président de la République, un mystérieux sondage paru dans Le Figaro samedi donnant la liste Martinon battue, enquête censée légitimer le débarquement de ce dernier. Un putsch qui n’est pas sans rappeler dans l’esprit, la manière dont Nicolas Sarkozy avait manœuvré pour écarter Charles Pasqua en 1983 pour lui souffler la mairie de Neuilly. Reste que cette affaire n’arrange pas l’UMP en campagne qui avait bâti toute sa stratégie sur la bonne image dans l’opinion, aujourd’hui fortement déclinante, du chef de l’Etat. Pas plus que celle du SMS que le chef de l’Etat aurait envoyé à Cécilia huit jours avant son mariage avec Carla Bruni dans lequel le chef de l’Etat aurait écrit : « si tu reviens j’annule tout ». Nicolas Sarkozy avait aussitôt porté plainte au pénal contre le journaliste auteur de l’article, le rédacteur en chef du Nouvel Observateur Airy Routier, une première pour un Président de la République, pour « faux, usage de faux et recel ». L’enquête préliminaire pourrait contraindre ce journaliste à révéler ses sources. Pourtant, le quotidien 20 minutes rappelait lundi que lors de sa conférence de presse du 8 janvier dernier, M. Sarkozy avait déclaré qu’ « aucun journaliste digne de ce nom ne donne ses sources » et que le chef de l’Etat avait même promis dans l’année une loi renforçant cette protection. Comme l’a noté le président de Reporters sans frontières, Robert Ménard, « c’est un très mauvais signal donné par Nicolas Sarkozy alors que la France se bat depuis des années contre les emprisonnements de journalistes dans le monde ». Interrogé samedi sur Canal plus, Airy Routier a confirmé l’existence de ce SMS. « Je ne dirai rien qui puisse découvrir ma source ou mes sources » a-t-il ajouté, « je n’ai pas franchi la ligne jaune (…) ; la nouvelle vie du Président de la République, qui mélange sa vie publique et sa vie privée, brouille les cartes ». Ce SMS est une « information privée qui a un sens sur la vie publique et sur la vie du Président ». « Je pense que je suis aujourd’hui instrumentalisé dans une stratégie beaucoup plus globale qui concerne tous les journalistes en ce moment, de reprise en main et de rapport de force avec la profession », a noté M. Routier.
La haine
Mais « la reprise en main », les Français l’attendent toujours dans le domaine de la délinquance où les forces de l’ordre, faute de volonté politique, en sont réduites à tenter tant bien que mal de circonscrire l’incendie. Samedi, quarante-et-un « jeunes », âgés de 14 à 23 ans, ont été placés en garde à vue à Rouen après avoir été interpellés en possession de matraques, marteaux, couteaux et machettes, soupçonnés d’avoir voulu se battre avec une bande rivale. Le lendemain, à Trappes (Yvelines), une patrouille de police est tombée dans un guet-apens tendu par une quarantaine de « jeunes ». L’arrivée des renforts a permis de rétablir un calme précaire mais deux policiers ont été blessés par des jets de projectiles et seul un voyou a pu être arrêté. Deux jours auparavant, à Reims, ce sont deux jeunes militants nationaux, Nicolas et Mohammed, qui ont été pris à partie à l’issue d’une soirée par des racailles qui leur ont foncé dessus en voiture avant de tenter de les achever à coup de cric et de tesson de bouteille : résultat 1 blessé « léger » (crâne ouvert et multi contusions) et un blessé grave (2 jambes cassées et bassin fracturé). Candidat aux élections municipales et cantonales de Reims, Thierry Maillard a dénoncé « ces agressions odieuses touchant deux familles françaises du vignoble et deux jeunes Français, dont un issu de l’immigration et candidat sur la liste municipale FN ». « Cette montée de la violence n’est que le reflet de la catastrophique politique de Sarkozy et de ses valets locaux » a-t-il relevé.
«… dans le processus d’adhésion à l’Union européenne »
Dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, les parlementaires turcs, à la majorité des deux-tiers des voix requise pour une modification de la Constitution, ont adopté par 411 voix sur 550 un amendement autorisant le port du voile dans les universités. « Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les mosquées nos casernes », déclarait en 1997 Recep Tayip Erdogan, chef du parti islamiste AKP qui est arrivé au pouvoir en novembre 2002 (FDA quotidien du 06/11/2002), raflant 363 sièges au Parlement. L’AKP avait basé toute sa campagne sur des thèmes chers aux formations radicales musulmanes –notamment l’autorisation du port du foulard dans les universités et les administrations. Il s’est signalé depuis par son activisme pour l’intégration de la Turquie dans l’UE, un vœu partagé par la plupart des technocrates et politiciens bruxellois et par Washington. Mais aussi, quoi qu’il en dise, par Nicolas Sarkozy qui a refusé de mettre son veto, comme il l’avait promis, à la poursuite des négociations d’adhésion. Le gouvernement AKP a d’ailleurs avancé que cette réforme autorisant le port du voile « s’inscrit dans le processus d’adhésion à l’Union européenne » au nom de « la liberté de conscience et du droit à l’éducation ». Signe des tensions qui fragilisent ce pays, deux manifestations qui ont réunis plus de 100.000 personnes ont eu lieu à Ankara les 2 et 9 février pour protester contre la réforme désavouée par l’armée, gardienne du dogme laïc. Quant aux personnalités religieuses musulmanes, beaucoup d’entre elles
ont critiqué le type de foulard autorisé impliquant l’exclusion des femmes qui ne porteront pas celui préconisé…