Jean-Marie Le Pen a débuté lundi par la ville de Bordeaux une tournée de nos régions dans le cadre des élections municipales et cantonales, à la rencontre des candidats, militants, électeurs frontistes et bien sûr des médias locaux. Il sera mardi à Albi puis à Perpignan où il tiendra une réunion publique. Mercredi, à Montpellier puis en Avignon, avant de se rendre jeudi à Toulon puis à Nice où un meeting est également prévu. Vendredi le Président du FN sera à Vitrolles puis à Marseille, et enfin samedi à Lyon et dans l’Oise. Interrogé par l’AFP vendredi, Jean-Marie Le Pen a estimé que neuf mois après l’installation de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, « on peut porter un jugement sur l’exercice du pouvoir. Nos compatriotes doivent profiter de l’élection cantonale pour dire ce qu’ils pensent de la manière dont ils sont gouvernés. J’espère que les Français ont pris conscience de la distance immense qui sépare les promesses de M. Sarkozy des réalisations ». « Malgré la brillance de ses discours, il n’a pas changé fondamentalement les choses », car « il ne s’attaque pas au vrai grand problème de la France qui est l’immigration massive », « la cause principale des déficits vertigineux des finances françaises, de la crise du logement ou encore de l’insécurité ». Pour autant, le chef de file de l’opposition nationale s’est montré prudent sur la capacité du Front National à attirer les voix des déçus du sarkozysme à l’occasion des scrutins de mars. Certes, entre mai 2007 et janvier 2008, la cote de confiance de M. Sarkozy au sein de l’électorat frontiste a subi une très forte érosion, passant de 88 % à 43 % pour l’IFOP et 86 % à 48 % pour la Sofres (FDA Quotidien du 07/02/2008). Mais le FN est handicapé par le fait qu’il « n’a pratiquement plus d’accès aux moyens d’information ». « J’ai peur que ce soit la gauche qui bénéficie des difficultés actuelles du président de la République, sans avoir aucun mérite particulier, simplement par le fait d’exister, d’être implantée et d’avoir son filet ouvert ». Or, « la gauche ne mérite pas d’être l’alternative du pouvoir sarkozien. J’espère que les Français vont se rendre compte que le FN est nécessaire dans la vie publique et lui donner les moyens de s’exprimer ». Dans « un contexte d’économies drastiques » qui est celui du FN, Jean-Marie Le Pen s’est dit par ailleurs « assez satisfait » du nombre de listes et de candidats présentés par son mouvement aux municipales et aux cantonales. « Nous faisons à la mesure de nos moyens », a-t-il relevé alors que le FN présentera environ 120 listes dans les villes de plus de 10.000 habitants, sensiblement le même nombre qu’en 2001 et 1.100 candidats aux cantonales.
Sarko la classe
Jeudi dernier, Nicolas Sarkozy était en déplacement à Noyelle-Godault, sur la circonscription d’Hénin-Beaumont où sa visite a suscité l’indifférence la plus complète, loin de l’énorme écho qu’a eu samedi son passage au salon de l’agriculture. « Casse-toi pauvre con » : la vidéo montrant Nicolas Sarkozy répondant vertement à un visiteur dudit salon qui refusait, plutôt grossièrement il est vrai, de lui serrer la main a été visionné des centaines de milliers de fois sur le site du Parisien. Un style oral tout en rupture pour un Président de la République en exercice qui a créé une nouvelle polémique. De manière plutôt comique, le Ministre du Travail Xavier Bertrand a tenté de faire passer le chef de l’Etat pour une pauvre victime, déclarant lundi matin sur RMC qu’on n’avait « pas le droit d’humilier le Président de la République » avec des propos « blessants ». Le frère Bertrand est évidemment à côté de la plaque puisque là n’est pas le problème. Encore une fois, la bonne analyse a été celle d’un Jean-Marie le Pen, brillant invité dimanche du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. Cet incident « dérisoire » a-t-il déclaré est « révélateur d’une grave erreur que fait le Président, à savoir de vouloir continuer une campagne électorale comme s’il était candidat, alors qu’il est Président (…) Quand c’était Chirac, il n’y avait que les gens des RG pour lui serrer la main, c’était plus sûr ! (…). Sarkozy aime les bains de foule, et c’est une faiblesse, car le Président n’est pas là pour être aimé. (Il veut) être considéré comme un copain, alors que le Président doit être obéi et respecté ». « Le pays lui reproche ce manque de tenue, ce manque de rigueur », a encore relevé le Président du FN pointant son comportement trivial à l’égard des dirigeants étrangers, qu’il « tape dans le dos » ou « bisouille si ce sont des dames ». « Ça peut le rendre sympathique mais ça fait plus Tintin que De Gaulle ! ».
Ça fait peur…
Invitée lundi matin sur France 2, Marine Le Pen, a relevé que « tous les Français se rendent compte que (le comportement de M. Sarkozy) affaiblit la fonction du Président. Le problème, c’est que ça n’est pas la première fois. Cela m’amène deux réflexions. La première, c’est : est-ce qu’il n’y a pas un moyen de lui retirer le bouton nucléaire ? Parce que ça commence à devenir un petit peu inquiétant, cette impulsivité. La deuxième est plus personnelle : je ne sais pas trop comment je vais expliquer à mon fils de 9 ans qu’il ne faut pas qu’il dise de gros mots », a-t-elle ajouté. « Un certain nombre de nos électeurs se sont portés sur Nicolas Sarkozy, ils ont espéré en Nicolas Sarkozy, aujourd’hui Nicolas Sarkozy, c’est Chirac en pire », a affirmé la Vice-présidente exécutive du Front National. « La seule solution, c’est de se tourner vers le Front National ! ».
L’objectif ultime…
Rama Yade Secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme et candidate sur la liste de l’UMP à Colombes (Hauts-de-Seine) avait apporté son soutien l’été dernier à des squatteurs africains à Aubervilliers qui avaient résisté par la force à leur expulsion et que même la mairie communiste souhaitait déloger (FDA Quotidien du 13/09/2007). Mercredi, elle a repris lors d’un meeting de campagne dans cette ville la logorrhée des habituelles associations immigrationnistes en criant au racisme. « Cette gauche qui dit défendre les modestes, les minorités et les immigrés, c’est cette gauche qui s’en prend à moi (…) parce que je suis noire », a-t-elle déclaré. Le candidat de la gauche à Colombes Philippe Sarre mais aussi la dirigeante communiste Marie-George Buffet, ont réclamé des « excuses publiques ». Alain Soral, invité samedi de Direct 8 a relevé que si Rama Yade tient ce genre de discours « c’est justement parce qu’elle s’appuie sur une sorte de communautarisme victimaire, qui est devenu un système de chantage que la gauche a mis en place avec SOS racisme et sa gestion des banlieues », le sociologue dénonçant au passage la pseudo « idéologie antiraciste », la « judiciarisation de la France » sur fond de montée en puissance « des lobbies communautaires ». Le footballeur Lilian Thuram expliquait il y a quelques mois que Rama Yade « existe (politiquement) parce qu’elle est noire (…) Il fallait une Noire dans le casting de ce gouvernement ». Mme Yade sait aussi certainement que la couleur de sa peau, loin d’être un handicap, lui permettra à Colombes de récupérer une partie de l’électorat immigré jusqu’alors favorable au parti communiste. En attendant peut être mieux puisque « en juillet dernier, invitée de Radio futurs médias, Rama Yade déclarait que l’Afrique constituerait un jour peut être, l’objectif « ultime » de sa trajectoire politique. « Au fond, ici (en France) tout est fait, alors que chez nous (en Afrique) tout reste à faire » ajoutait-elle… (FDA Quotidien du 26/09/2007).