Le bilan de santé de la PAC établi par la Commission n’est pas un bilan, c’est une nouvelle réforme inavouée. Et un pas supplémentaire vers la réorganisation économique du monde à laquelle l’Europe de Bruxelles travaille depuis des années, dans le sillage de Washington. Aux pays du Sud et aux États-Unis, l’agriculture. Au Nord: les services et l’industrie, en concurrence sauvage avec les pays émergents.
L’agriculture européenne est purement et simplement sacrifiée et va bientôt être livrée aux seules forces du marché. Marché truqué d’ailleurs, puisqu’on l’expose sans défense aux importations, en même temps qu’on lui dénie l’accès aux marchés extérieurs.
Or, l’agriculture n’est pas un secteur comme les autres. Parce qu’elle sert à nourrir les hommes, elle participe de l’indépendance et de la souveraineté nationales. Parce que la qualité de l’alimentation conditionne la santé publique. Parce que cultiver la terre détermine l’aménagement du territoire, la protection de l’environnement, la biodiversité, la gestion de l’eau, l’animation et le peuplement des zones rurales… mais reste un acte productif.
Renoncer à toute politique volontariste en matière agricole est pire qu’un crime, c’est une faute. Et il est dommage que malgré quelques bonnes choses, le rapporteur n’ait pas remis en cause cette logique.