Nicolas Sarkozy passait jeudi soir un « grand oral » très attendu dans le cadre de l’émission « En direct de l’Elysée », énième tentative, un an après son élection, pour enrayer l’hostilité grandissante à sa personne et à sa politique dans l’opinion. Sur fond de déclin économique accéléré de notre pays, de crise sociale, de flambée des prix, d’inféodation croissante de la France à l’euromondialisme, de poursuite de l’immigration, Nicolas Sarkozy s’est évertué à noyer le poisson. Mais comme l’a noté Jean-Marie Le Pen « l’indéniable et habile rhétorique de Nicolas Sarkozy ne peut convaincre personne, car les faits sont plus têtus que les paroles. Quels que soient ses discours, le candidat « Président du pouvoir d’achat » est le président de la dégringolade du pouvoir d’achat. Quand la rhétorique devient caricature, sur les positions du Front National en matière d’immigration, c’est odieux », a encore relevé le Président du FN, pointant quelques beaux morceaux d’hypocrisie. Notamment « sur les clandestins, avec la confusion volontaire entre régularisation et naturalisation, ou sur l’entrée de la Turquie en Europe : Nicolas Sarkozy affirme qu’il ferait un referendum, mais ce n’est pas lui qui sera Président le moment venu ». Jean-Marie Le Pen, avait déjà dénoncé mercredi « un leurre et une arnaque », après l’adoption en Conseil des Ministres du projet de loi constitutionnelle, à l’heure où « le rôle actuel du Parlement est, pour l’essentiel, de transcrire dans la législation française les directives européennes ». En effet, cette réforme comporte « la suppression de l’obligation d’un referendum pour ratifier l’adhésion d’un nouveau membre de l’Union européenne ». Et « Nicolas Sarkozy, qui a déjà refusé aux Français un referendum sur le Traité européen, interdit maintenant un referendum sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne ». « Il prouve ainsi qu’il est favorable à cette adhésion, contrairement à ce qu’il avait affirmé pendant sa campagne. Et il montre qu’il ne fait aucun cas de l’avis des citoyens, quand ceux-ci risqueraient de se mettre en travers des diktats de l’euromondialisme ».
Légitimes questions…
Interrogé par des journalistes de chaines publiques et privées, Nicolas Sarkozy a cependant échappé jeudi soir à des questions qui auraient été susceptibles d’intéresser les Français. Alors que nos compatriotes sont invités à se serrer la ceinture, subissent une baisse sans précédent de leur pouvoir d’achat, il aurait été intéressant de connaître les explications de M. Sarkozy, qui n’a pas hésité à augmenter son salaire de président de 200%, sur le fait qu’il ait demandé et touché son salaire de Ministre de l’Intérieur jusqu’à fin décembre 2007, alors qu’il avait démissionné en mars 2007. De manière moins prosaïque, il aurait été aussi souhaitable d’entendre les explications de M. Sarkozy sur les propos qu’il avait tenus à Gandrange, où il avait affirmé aux ouvriers, avant le premier tour des Municipales, « que l’Etat était prêt à prendre en charge tout ou partie de l’investissement de modernisation » de cette unité de production d’Arcelor-Mittal. Or, rien n’a été fait, M. Sarkozy a été désavoué notamment sur ce point par le Ministre des Finances Christine Lagarde, et le plan de licenciement massif a été confirmé. Pareillement, lors de la tenue du Grenelle de l’Environnement, le chef de l’Etat avait promis des avancées mirobolantes en la matière. Avec comme seul résultat aujourd’hui le vote par les députés et sénateurs sarkozystes d’une loi sur les OGM, sous la pression d’un certain nombre de lobbies, qui contredit totalement les conclusions du « Grenelle ». Enfin, il y a avait aussi beaucoup à dire sur le décalage tout aussi criant entre les propos de campagne sur la politique étrangère du candidat Sarkozy et leur application aujourd’hui…
Le FN en embuscade
Obligé de lâcher du lest, Nicolas Sarkozy a été contraint de reconnaître la « déception » des Français et ses propres « erreurs » et autres cafouillages : « erreur de communication totale » sur le paquet fiscal, « erreur » sur la carte famille nombreuse, et a admis « une part de responsabilité » dans l’exposition de sa vie privée. Mais comme ses prédécesseurs, le chef de l’Etat, qui dit vouloir maintenir « le cap de la réforme », a rejeté sur la situation internationale – flambée du prix du pétrole et des matières premières, crise des « subprimes », hausse du cours de l’euro…– son incapacité et celle du gouvernement à tenir ses promesses et à engager les mesures nécessaires pour rétablir la prospérité de nos compatriotes. Si la prestation du chef de l’Etat a été suivie par 12 millions de téléspectateurs, Jean-Marie Le Pen assure dans un entretien paru dans France Soir vendredi qu’au delà du talent de bonimenteur du Président de la République, « le charme du prestidigitateur s’est envolé, les gens se retrouvent face aux réalités ». « Nos électeurs ont été victimes d’une illusion. Nicolas Sarkozy a repris nos slogans, notre ligne politique mais ne les applique pas. En matière d’immigration, de chômage, ça va de plus en plus mal. Ceux qui se sont trompés commencent à le reconnaître, et notre échec aux législatives a déjà été partiellement effacé aux cantonales (…) En politique il y a des hauts et des bas, mais la phase difficile est derrière nous. Nous nous préparons pour les européennes, et Nicolas Sarkozy n’a jamais brillé dans ces élections » a-t-il encore constaté, faisant part de sa conviction selon laquelle le FN se redressera « car les phénomènes qui justifient son existence ne feront que s’aggraver ».