Les observations faites par Mme Oomen-Ruijten dans son rapport sur les progrès accomplis par la Turquie sur la voie de l’adhésion démontrent, s’il en était encore besoin, que la Turquie, dans sa civilisation, ses mentalités, ses traditions – d’ailleurs tout à fait respectables -, n’est pas un pays européen. Et il ne faut pas aller chercher ailleurs la raison des immenses difficultés rencontrées au cours des négociations d’adhésion.
La présidence française de l’Union, qui débutera le 1er juillet, aurait pu être l’occasion de lever cette ambigüité fondamentale: la fiction de la vocation européenne de la Turquie inscrite dans le traité de 1963. M. Sarkozy, trahissant ses promesses de campagne, assure aujourd’hui vouloir poursuivre les négociations, et même en débuter de nouvelles sur tous les chapitres qui ne sont « pas directement liés à l’adhésion », selon une formule aussi démagogique qu’hypocrite qui ne résout aucun problème. A qui fera-t-on croire que l’on ne discute que d’une « presqu’adhésion »?
Il est à craindre que le maintien, dans la Constitution française, de l’obligation de consulter le peuple sur toute nouvelle adhésion à l’Europe n’ait pour but que de faire porter aux seuls citoyens la responsabilité du résultat de 45 années de lâchetés politiques et diplomatiques imputables non à la Turquie elle-même, mais à leurs seuls gouvernements.