L’institut Opinion Way a réalisé pour le quotidien gratuit Metro un sondage publié lundi, sur le référendum du 29 mai 2005 et l’Europe. Trois ans après, il révèle que si près de 55% de nos compatriotes avaient voté NON, 64% des électeurs estiment aujourd’hui que ce vote n’a finalement pas eu de conséquences graves sur la Constitution européenne. 57% estiment même avoir « rendu service aux citoyens des pays de l’UE » dans lesquels il n’y a pas eu de référendum. Si Nicolas Sarkozy a imposé cette Constitution, rebaptisée mini-traité, par un vote du parlement en début d’année, 52% des sondés pensent que leur vote « n’a pas rendu les dirigeants français plus attentifs à l’opinion des citoyens sur la manière dont se construit l’Europe ». 61% des Français estiment également que l’adoption du traité simplifié, le 19 octobre dernier par les vingt-sept pays membres de l’UE, est une « remise en cause » de leur vote du 29 mai. 57% des personnes interrogées estiment que depuis cette date, la façon dont est conduite la construction européenne « n’a pas changé ». 29% jugent qu’elle a changé « en mal », 13% seulement « en bien ». C’est dans ce contexte que Jean-Marie Le Pen a souligné mardi que « les ministres des finances des Etats membres de la zone euro ont rejeté la proposition de Nicolas Sarkozy de plafonner la TVA sur les carburants. Alors que le prix de l’essence est devenu insupportable et que la légitime colère des professionnels se fait entendre, M. Sarkozy se voit ainsi lâché par ses amis européens qui ne cèdent pas à sa proposition à la veille de la présidence française de l’Union européenne (…) Seul le Front National a su dénoncer cette Europe antidémocratique. Il est urgent que les états retrouvent leur souveraineté au sein d’une Europe des nations libres afin de jouer au mieux dans l’intérêt de leurs peuples face aux terribles excès de la mondialisation ultralibérale » a noté le Président du FN. De son côté le politologue Denis Jeambar commentant le sondage cité plus haut, a lui aussi relevé « le sentiment général d¹insatisfaction des Français vis-à-vis de l’Europe ». Il cite ainsi, « comme seul élément concret » de cette Europe là, « le passage à l’Euro, qui est lié pour beaucoup à un phénomène négatif, la hausse des prix » avoue-t-il. « Les Français pourraient utiliser les élections européennes de 2009 pour exprimer leur mécontentement. Il y a une fenêtre de tir pour les souverainistes et tous les adversaires de l’Europe, à gauche comme à droite » estime M. Jeambar.
Le stress du Mrap
Un bon coup médiatique selon l’avis général. Une dénonciation du voyeurisme et de la fascination morbide devant la théâtralisation de la violence sur nos écrans pour les uns, ou un étalage des pires clichés xénophobes pour les autres : le clip du morceau intitulé « stress », du groupe électro Justice, a fait couler beaucoup d’encre et a été abondamment visionné et commenté sur internet. Si on ne peut accuser, à notre connaissance, Justice et les auteurs du clip réalisé par le collectif « Kourtrajmé » de frayer de quelque manière que ce soit avec la « bête immonde », leur clip a soulevé la colère des ligues de vertu antiracistes. On y voit en effet une bande de jeunes noirs se livrer à un tabassage en règle de tous les blancs qu’ils croisent, de simples passants et même un policier, depuis une grise cité de banlieue jusque sur les marches du Sacré-Cœur à Paris, symbole jugé vraiment trop lourd par certains… Ainsi, les bonnes âmes du MRAP ont estimé, à l’instar du socialiste Mélanchon notamment, que « le message du clip est porteur de stéréotypes et de clichés racistes et participe à une vision caricaturale de la réalité des quartiers populaires et de leurs habitants ». Le MRAP a mis en demeure le 25 mai la maison de disques du groupe « afin d’agir vigoureusement auprès des hébergeurs pour obtenir le retrait immédiat des vidéos en ligne et de renoncer par avance à toutes les retombées commerciales, attendues ou non, de cette désastreuse opération ». Le MRAP a également constaté que le site internet Kourtrajme.com a repris le clip et que dans une des pages du site, le numéro de téléphone du standard affiché n’est autre que celui du Front national ; une fine plaisanterie, faut-il le préciser, que le Mouvement de Jean-Marie Le Pen ignorait… Fidèle à son ton que ne renierait pas un commissaire politique de l’ère soviétique, le MRAP a donc annoncé le 29 mai que « compte tenu de l’ensemble de ces éléments, et devant le silence des auteurs de ce clip face à la mise en demeure de notre mouvement, le MRAP considère que l’intention raciste est avérée et décide de déposer plainte contre les responsables de cette immonde production ». Sans entrer dans cette polémique un peu vaine, sans trancher sur ce qui est du ressort de l’art dit « conceptuel » ou de la vraie-fausse provocation, il s’agit surtout de souligner, encore une fois, la propension des alimentaires de l’antiracisme à manier l’indignation sélective. Alors que les clips et les paroles de nombreux groupes de rap sont des appels incendiaires à la haine et à la violence contre les « gaulois », ce racisme-là, pour le coup clairement avéré ne souligne pas l’indignation du MRAP et des associations du même acabit ; allez savoir pourquoi…
La bonne question
Et un cafouillage de plus : le Garde des Sceaux Rachida Dati n’avait rien trouvé à redire au jugement du Tribunal de Grande Instance de Lille qui avait annulé en avril un mariage entre époux de confession musulmane – « mais pas du tout extrémistes » précisait le quotidien Libération –, parce que l’épouse avait menti sur sa virginité. Pour rendre leur décision, les juges avaient invoqué « l’erreur objective », « déterminante dans le consentement », telle qu’elle est définie dans l’article 180 du Code civil. Mme Dati avait vu dans le jugement de ce tribunal « un moyen de protéger la personne », en l’espèce de permettre peut-être à une jeune musulmane victime d’un mariage forcé » de se débarrasser de son mari imposé par la famille… Devant le tollé des grandes consciences réagissant à ce cas flagrant de « discrimination » – le Mrap une nouvelle fois, Elizabeth Badinter, Ni putes ni soumises, la direction du PS et de l’UMP, etc… – Rachida Dati a finalement demandé au parquet général de faire appel du jugement. Marine Le Pen n’a pas manqué de gloser sur cette « gauche multiculturaliste qui semble aujourd’hui découvrir avec effroi les effets dévastateurs de l’immigration de masse ». La vice-présidente exécutive du FN pose surtout la bonne question, celle-là même que la classe politico-médiatique n’ose pas poser : « la justice qui se défend dans cette affaire d’avoir tranché sous la pression de considérations religieuses, aurait-elle pris la même décision dans le cas inverse ? ».