Madame le Président, de la Russie soviétique de Lénine à la Corée du Nord de Kim Il-sung, aujourd’hui, en passant par la Chine de Mao, l’Éthiopie de Mengistu, le Cambodge de Pol Pot – et cette liste, hélas, n’est pas exhaustive –, on peut affirmer que la famine est consubstantielle au communisme.
Cependant, la famine qui a tué près de 10 millions d’Ukrainiens entre 1932 et 1933 n’est pas seulement le résultat de l’absurdité économique et sociale du communisme, ni de la haine qu’il porte au monde paysan. Mais elle a été programmée par les autorités soviétiques qui ont, d’une part, réquisitionné tous les stocks de nourriture des paysans, y compris les semences et, de l’autre, utilisé les forces de l’ordre pour interdire, par tous les moyens, les départs massifs d’Ukrainiens qui tentaient alors d’échapper à la mort. C’est ce qui se passe encore aujourd’hui en Corée du Nord.
L’article 6 du statut de la Cour pénale internationale définit le génocide comme l’intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux en tant que tel et aussi, je cite, « la soumission intentionnelle du groupe à des conditions devant entraîner sa destruction physique, totale ou partielle ». L’extermination par la famine – l’holodomor – décidée par les communistes soviétiques en 1932 correspond à cette définition, n’en déplaise à notre collègue, M. Markov.
Le 28 novembre 2006, le parlement ukrainien a qualifié de génocide l’holodomor. Il est regrettable que l’Organisation des Nations unies, à cause du veto russe et de la lâcheté des gouvernements français et britannique, ait refusé de lui donner cette qualification. Celle-ci ne remet pas en cause, d’ailleurs, l’honneur du peuple russe qui, lui aussi, a été victime du communisme, mais elle dénonce l’horreur de ce totalitarisme, qui a tué dans le monde 200 millions d’êtres humains, et que nous dénonçons aujourd’hui, il faut le dire, bien tardivement.