Le député européen socialiste Vincent Peillon rame beaucoup pour tenter de justifier son refus, au tout dernier moment, de participer au débat qui a opposé il y a dix jours Marine Le Pen et Eric Besson sur France 2 dans l’émission d’Arlette Chabot. Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, M. Peillon tente vaille que vaille de noyer le poisson en dénonçant « la servilité » de « certains dirigeants » de France télévisions vis-à-vis du pouvoir.
Les « rédactions » de France 2 et France 3 « font ce qu’elles peuvent explique-t-il, mais la perspective de la nomination du président du service public par le président de la République exerce une pression sur leur travail et favorise la servilité ».
Une critique qui prête à sourire dans la bouche d’un cacique socialiste quand on se souvient de l’inféodation des medias à l’Elysée sous François Mitterrand et au-delà quand on se rappelle du sondage paru dans l’hebdomadaire Marianne juste avant la présidentielle de 2002, indiquant que plus de neuf journalistes sur dix votaient à gauche…Plus que d’une « servilité » vis-à-vis du locataire de l’Elysée, le monde médiatique souffre surtout du poids des conformismes idéologiques, lesquels expliquent largement le traitement dont est victime l’opposition nationale.
Lors d’un discours à Cannes, Frédéric Mitterrand a réagi assez durement aux critiques de Vincent Peillon. « Lorsqu’on fait peser sur le service public, sur les agents du service public, sur les journalistes du service public, un soupçon tel que celui-là, on sort du jeu politique » a affirmé le ministre de la Culture. Des esprits chagrins pourraient rétorquer à M. Mitterrand que les soupçons qui pèsent sur lui amènent aussi à s’interroger sur l’opportunité de son maintien dans le « jeu politique ».
Peillon et Mitterrand seraient bien inspirés de méditer ce sage proverbe : « quand on monte au cocotier il faut avoir la culotte propre »…