Nicolas Sarkozy s’est un peu vite poussé du col en annonçant lundi soir, et ce à plusieurs reprises, un recul du chômage dans les mois à venir. Pour preuve, Christine Lagarde et Laurent Wauquiez ont pris soin de ne pas endosser à leur compte la promesse présidentielle en répétant sur tous les tons que « la situation sur le marché du travail reste fragile car la dégradation de l’emploi se poursuit »… et « devrait se poursuivre encore plusieurs mois » affirmaient-ils de concert en décembre.
Le faible taux de croissance sur lequel s’accorde les économistes –le gouvernement a retenu le taux de 1,4% en 2010- ne permet pas de toute façon d’envisager une embellie sur le marché de l’emploi.
Nicolas Sarkozy a donc sciemment menti aux Français sur le plateau de TF1 puisqu’il ne peut ignorer que l’UNEDIC prévoit pour 2010 une aggravation du chômage avec une hausse de 87 000 demandeurs d’emploi (catégorie ABC) et 75 000 destructions d’emplois dans l’économie. Le taux de chômage devrait dépasser la barre des 10% cette année selon l’OCDE (il est actuellement de 9,1% en France métropolitaine, de 9,5% avec l’Outre-mer).
A cela s’ajoute la manipulation des chiffres du chômage à laquelle se livre le gouvernement, imitant en cela ses prédécesseurs. Le parti présidentiel s’était déjà gargarisé, juste avant la crise mondiale, d’une baisse relative du chômage, qui tenait pourtant très largement à des raisons démographiques, avec l’accélération des départs en retraite.
De plus les chiffres avancés par les « grands communicants » au pouvoir masquent la généralisation des emplois très précaires, à temps partiel le plus souvent, des emplois payés en-dessous du SMIC. Enfin des catégories entières de demandeurs d’emplois sont rayées des statistiques : ceux qui déclarent chercher un emploi temporaire ou à temps partiel, les dispensés de recherche d’emploi, les demandeurs d’emploi de catégorie 1 en activité réduite, les chômeurs pas immédiatement disponibles parce qu’en formation, en maladie ou en emploi… Selon une étude effectuée en 2007 par le collectif « Autres Chiffres Du Chômage » (ACDC), « le pourcentage des chômeurs invisibles qui représentaient 10 % du total des demandeurs en 1982 » dépassait alors « les 50 % ».