Dans le cadre de l’examen de la loi Loppsi 2, une majorité de députés a voté jeudi une disposition autorisant les préfets à instaurer un couvre-feu pour les mineurs de 13 ans non-accompagnés entre 23 heures et 6 heures, mais aussi l’aggravation des peines encourues pour les vols commis à l’encontre de «personnes vulnérables» et les cambriolages, les portant à sept ans d’emprisonnement (contre cinq aujourd’hui) et 100 000 euros d’amende. Si le vol est commis avec violences, il sera puni de dix ans (et non plus sept) d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. Avec le jeu des remises de peines, on peut légitimement doter du caractère dissuasif des dispositions en question.
Le dernier éditorial de Patrick Randa s’arrête sur cette nouvelle étape de la propagande sécuritaire du gouvernement intervenant opportunément à quelques semaines des régionales. « En 2007 rappelle-t-il, le candidat Nicolas Sarkozy promettait qu’on allait voir ce qu’on allait voir. Une majorité de Français l’a crû, surtout lorsqu’il se vantait des brillants résultats obtenus lors de son passage au Ministère de l’Intérieur… Qu’importe qu’ils fussent exagérés ou carrément faux, sa parole était magique. Médiatiquement magique, grâce aux JT de TF1 et aux Une de Paris-Match ».
« On se demande alors pourquoi aujourd’hui le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux annonce un énième “plan contre la délinquance” (…). Pourquoi “un plan de plus” ? Ou alors pourquoi “seulement maintenant” ? Rappelons que cela fait tout de même plus de huit ans, à quelques mois près, que Nicolas Sarkozy est en charge de la sécurité des Français : comme Ministre de l’intérieur entre 2002 et 2004, puis entre 2005 et 2007, enfin en tant que Président de la république depuis cette date ».
« Un énième plan à cause de la réalité, peut-être ? Les “atteintes volontaires à l’intégrité physique” (coups et blessures, homicides…) ont augmenté de 14 % entre 2003 et 2008, soit une progression de 54499 délits, selon le rapport annuel de l’Observatoire National de la Délinquance… Dégradation de la sécurité confirmée par l’INSEE pour le compte de l’INHES-OND, qui estime “à près de 850 000 le nombre de victimes d’actes de violences physiques hors ménages et hors vols en 2008” contre “736 000 en 2006”, soit une croissance de 11,5 % ».
Un « énième plan » qui permet une nouvelle fois à la majorité de faire diversion, d’éviter de réfléchir aux causes réelles de l’augmentation vertigineuse et continue des violences depuis trente ans, en encadrant une nouvelle fois mollement les conséquences de celle-ci.