Ne boudons pas notre plaisir, les crises de nerfs pathétiques qui agitent le PS en particulier et ses partenaires en général autour du cas Frêche, ont l’avantage de montrer aux Français que la gauche ne saurait être une alternative sérieuse à la droite mondialiste. La ligne de fracture qui coupe le PS s’explique uniquement par les résultats différents que tirent les caciques de ce parti du calcul des rapports de forces entre courants, des avantages et inconvénients clientélistes qu’il y aurait à soutenir ou non le président sortant de la région Languedoc-Roussillon. Un clair résumé en quelque sorte, de la conception de la politique qui est celle des partis de l’Etablissement.
Président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, interrogé sur Frêche le 28 janvier dernier avait jugé la réflexion de ce dernier sur un Fabius « pas très catholique » « totalement affligeante ». Courageux mais pas téméraire, M. Queyranne n’avait pas poussé plus loin. Questionné sur l’opportunité pour le PS de présenter une liste PS contre le président sortant du Languedoc-Roussillon, il avait hypocritement botté en touche : « moi je ne gère pas les candidatures du parti » avait-il déclaré. C’est dommage on s’amuserait bien !
Le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb fait aujourd’hui l’actualité en prenant le contre-pied de Martine Aubry et d’autres membres de la direction du PS. Il vient ainsi de manifester son « soutien amical » à Georges Frêche à qui il viendra rendre visite sur ses terres demain.
Une décision indigne pour quatre élus socialistes de l’agglomération lyonnaise Pascale Crozon, députée de Villeurbanne, Christiane Demontès, sénatrice du Rhône, Sylvie Guillaume, députée européenne, et Pierre-Alain Muet, député de Lyon- qui dans un communiqué viennent d’ apporter leur soutien à la tête de liste officielle du PS Languedoc-Roussillon, Hélène Mandroux, laquelle incarnerait « les valeurs humanistes » (sic) qui sont les leurs.
Pour se justifier, M. Collomb a joué la carte du pragmatisme expliquant qu’on ne peut pas « changer son fusil d’épaule à cinq semaines des élections ». Il a également mis l’accent sur le soutien sans faille de M. Frêche à la communauté juive et à Israël, pays dans lequel il s’est rendu en compagnie de ce dernier – la ville de Lyon est jumelée avec la ville israélienne de Beer Sheva.
Reste que la fédération UMP du Rhône a décidé de mettre son grain de sel dans ce règlement de compte entre socialistes en indiquant qu’elle condamne l’attitude de M. Collomb, « qui ne reflète pas la position des républicains » (re-sic) et a demandé la démission du sénateur-maire du Parti socialiste.
Un souhait partagé au moins par Nicolas Sarkozy si l’on en croit l’hebdomadaire Le Point qui rapportait que le 22 octobre dernier, lors d’une réunion sur la réforme des collectivités territoriales, celui-ci avait proposé au maire de Lyon d’entrer au gouvernement. Gérard Collomb a refusé mais s’est dit quand même « très honoré» par la proposition du chef de l’état –en dit-il en privé autant de bien qu’en dit Frêche en public ? Mais « il faudrait que le PS me déçoive beaucoup pour que j’en vienne à accepter », avait confié M. Collomb au Point.
Un peu de patience Gérard, tout vient à point à qui sait attendre…