Jean-Marie et Marine Le Pen tenaient mardi une conférence de presse consacrée au bilan du second tour ( 17,81% en moyenne au secondtour pour le FN dans les douze régions où il a pu se maintenir). Le président du FN a rappelé qu’il avait annoncé «trois semaines avant le premier tour» que son Mouvement «dépasserait les 10% au plan national» et que lui-même «atteindrait 20% en Provence-Alpes-Côte d’Azur». « J’ai un peu retrouvé l’atmosphère de ma campagne présidentielle de 2002», «J’avais senti le succès venir tout au long de la campagne», a-t-il poursuivit, lequel a puisé sa source dans «la rancœur envers Nicolas Sarkozy» et l’inquiétude légitime devant « l’islamisation, l’insécurité et le chômage». En tant que doyen d’âge, Jean-Marie Le Pen présidera vendredi, à Marseille, la séance inaugurale du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur : «Je vais prononcer un discours, même si les élus de gauche vont sans doute quitter la salle pendant mon allocution !».
Si les « grands médias » n’ont pas manqué d’analyser ce retour au premier plan de l’opposition nationale, la presse nationaliste s’y arrête également. A l’image de l’hebdomadaire Rivarol, où l’éditorial de Jérôme Bourbon et un article de Claude Lorne sont largement consacrés à cet évènement politique. Ouvrons ici une parenthèse pour signaler que M. Bourbon vient de prendre la tête de Rivarol avec le départ à la retraite, bien méritée, de la pugnace et talentueuse Camille Marie Galic. Collaborant à ce journal depuis 1963, Mme Galic en assurait la direction depuis 27 ans où elle fut, dans les moments heureux ou difficiles, une amie souvent intransigeante, mais fidèle, du FN et de ses dirigeants, à commencer par Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch.
Dans son dernier numéro, Rivarol relève donc que les 14 et 21 mars, le FN « l’a largement emporté sur ses concurrents à la droite de la droite au premier tour, aucune des listes “dissidentes” n’ayant symboliquement franchi la barre des 5 %, pas même Bompard en PACA, malgré la gestion de deux mairies dans le Nord- Vaucluse (…). De plus, le Front peut se féliciter d’avoir renoué avec les scores flatteurs de ses années fastes dans les douze régions métropolitaines où il a pu se maintenir au second tour. Ce succès, d’autant plus significatif que l’abstention a reculé de cinq points d’un dimanche à l’autre, confirme l’enracinement du Front national dans la vie politique française et corrobore le succès indéniable à la fois de la flamme FN et du nom de Le Pen ».
« A notre connaissance note le journal, aucun des responsables des autres partis de droite nationale ou identitaire (PDF, MNR, Bloc identitaire, NDP, Ligue du Sud, Ligue du Midi, Alsace d’Abord) n’avait appelé ses électeurs, fût-ce implicitement, à se reporter sur les candidats frontistes encore en lice, ce qui nous paraît une attitude fort peu politique car le bien commun et un sain réflexe nationaliste doivent prévaloir en toutes circonstances sur les rancœurs, les aigreurs, les griefs, même légitimes, et sur les intérêts de boutique ».
« Heureusement, à défaut de se réaliser au niveau des états-majors souligne l’hebdomadaire, l’union patriotique s’est faite largement dans les urnes, le Front obtenant même dans la plupart des régions un nombre de suffrages plus élevé que le total des voix s’étant portées sur les listes de droite nationale au premier tour (…). Reste que, d’un tour à l’autre, la progression des listes frontistes est parfois spectaculaire, ce qui infirme la thèse selon laquelle l’abstention favorise mécaniquement la droite radicale. Au contraire, d’après les politologues, le regain de participation a cette fois nettement profité au Front. Si les électeurs nationaux s’étaient davantage mobilisés au premier tour, les résultats eussent donc été certainement meilleurs encore ».
« Pour autant prévient Rivarol, pas plus que la gauche, le Front ne peut être totalement assuré de la pérennité de cette réussite. D’abord parce que, cette fois, les cités allogènes, les banlieues ethniques se sont massivement abstenues (à hauteur de 70 à 80 %). Si en 2012 elles reprennent le chemin des isoloirs, comme elles le firent en 2007, le score du FN s’en ressentira forcément. Ensuite parce que, le redressement du courant national n’étant pas attendu, du moins pas dans ses proportions, ses adversaires ne se sont guère mobilisés contre lui. Enfin et surtout, parce que le mouvement risque de connaître de fortes tensions dans les semaines etles mois qui viennent avec la préparation du XIVe congrès national. Si, comme c’est plausible, Jean-Marie Le Pen renonce à concourir en 2012 et ne sollicite pas des adhérents du Front un nouveau mandat de trois ans, se jouera alors la succession du président-fondateur qui a conduit le mouvement pendant près de quarante ans et lui a imprimé sa marque comme aucun autre dirigeant ne l’a fait pour son parti. Quoi qu’on en dise, ce sera un moment difficile à passer ».
« Difficile à passer » ou pas, nous verrons bien, une chose est certaine : le FN a la peau dure, la capacité à encaisser les coups, l’habitude des difficultés et des dirigeants intelligents habités par le sens de l’intérêt national.