« Sur France Inter, il semble que l’humour réponde à des contraintes horaires très précises » indique aujourd’hui Libération en réaction à l’entretien accordé par le néo-atlantiste Philippe Val, militant anti-national de la première heure, nommé en juin 2009 par Jean-Luc Hees (avec l’indispensable feu vert de Nicolas Sarkozy) directeur de France Inter.
En cause, une petite phrase de l’ancien rédacteur en chef de Charlie hebdo qui indique que l’humoriste Stéphane Guillon, dans le collimateur du pouvoir et qui a créé la polémique dernièrement en s’attaquant à Eric Besson, pourrait quitter la tranche matinale d’information pour une autre case horaire.
«Le problème n’est pas Stéphane Guillon en soi, c’est sa place. Il n’est écrit nulle part que l’humour doive intervenir à 7h55.» «Jusqu’où peut-on aller dans ce mélange sans nuire à l’information? Le chantier est en cours, mais c’est une vraie interrogation» a déclaré Philippe Val, modèle de rectitude journalistique, d’humour, d’intelligence, d’indépendance et d’impartialité, cela va sans dire…
La polémique autour de Guillon, renvoie plus largement à une question centrale : «Peut-on tout dire ?», titre du livre cosigné par Dieudonné M’ Bala M’Bala et Bruno Gaccio –auteur phare des Guignols de Canal plus de 1992 à 2007-, livre dans lequel les deux hommes ont répondu, séparément, aux questions des journalistes et se sont exprimés sur la liberté d’expression.
la sortie de cet ouvrage avait permis à Dieudonné de sortir (très timidement) du black out médiatique qui était le sien et d’être de nouveau invité, en compagnie de sa « caution », M. Gaccio, à la télévision. Une embellie de courte durée puisque dans une vidéo mise en ligne ces derniers jours il s’en prend de manière virulente à une autre tête de turc du lobby antiraciste , Eric Zemmour, pour ses propos sur « les trafiquants noirs et arabes » –voir notamment sur ce sujet nos articles des 24, 26 et 31 mars. Mais l’humoriste ne s’arrête pas là puisqu’il a ironisé sur les caractéristiques physiques de M. Zemmour et affirmé que « les gros escrocs de la planète sont tous des Juifs », qu’ « il faut être Juif pour avoir la liberté d’expression en France. C’est une réalité (…). Dire le contraire, c’est avoir peur. Mais on n’a plus peur. (…) La mort sera plus confortable que la soumission à ces chiens. »
Le Mrap de Mouloud Aounit, par l’intermédiaire de Maître Pierre Mairat et une antenne du PS, SOS racisme, par le biais des avocats Patrick Klugman et Michaël Ghanassia, ont annoncé un dépôt de plainte, notamment pour « injure raciale »
A l’évidence, Dieudonné M’ Bala M’Bala soumet à rude épreuve celles et ceux qui sont convaincus que les inconvénients de la censure l’emportent sur ses avantages, les défenseurs de la liberté d’expression qui s’inquiètent plus généralement de la dérive orwellienne de nos sociétés. Mais les dirigeants et commanditaires de SOS racisme et du Mrap le savent parfaitement : les propos de l’humoriste sont non seulement partagés très majoritairement dans les pays arabo-musulmans, mais aussi dans les banlieues plurielles sur le dos desquelles ils ont bâti leur fond de commerce. Terrible ironie de l’histoire…