Rien de tel qu’une bonne crise pour faire des profits records : dans le collimateur de l’autorité américaine des marchés financiers, la «Securities & Exchange Commission» (SEC) qui l’accuse de fraude, la banque la plus puissante du monde, Goldman Sachs (GS), a annoncé des profits records trimestriels de 3, 46 milliards de dollars, ce dont s’est logiquement félicité son PDG , Lloyd Blankfein.
Dans les faits, rapporte Le Figaro, « la SEC est divisée sur l’opportunité des poursuites judiciaires, les deux commissaires républicains de la SEC ont voté contre cette décision, alors que leurs trois collègues démocrates, dont la Présidente Mary Schapiro, ont voté pour ». La SEC poursuit Goldman Sachs pour avoir trompé ses clients et avoir fait d’énormes bénéfices à leur détriment par le biais de la vente d’un produit dérivé basé sur des prêts hypothécaires ultra-risqués, tout en pariant sur son effondrement.
Nous l’évoquions pour notre part le 23 février sur ce blog, GS a joué également un rôle de tout premier plan dans la crise grecque. Sans éveiller l’attention des technocrates bruxellois, Athènes a falsifié ses comptes, et camouflé sa dette pendant des années avec l’aide de cette banque new-yorkaise, celle-ci n’ayant pas hésité ensuite a spéculer -en cheville avec le fond de pension américain Paulson qui s’était enrichi lors de la crise des subprimes – sur le dos des Grecs.
Le Figaro souligne qu’aux Etats-Unis le dossier contre GS prend une tournure politique et qu’ « il sera difficile à plaider devant le tribunal civil du district sud de New York. L’absence de poursuites pénales contre Goldman Sachs à ce stade peut aussi être interprétée dans ce sens. Le fait que la SEC n’ait pas donné à Goldman Sachs l’occasion de s’expliquer avant de rendre public l’accusation de fraude montre aussi le désir de l’agence de faire en passant un coup médiatique. La SEC a effectivement besoin de redorer son blason terni par ses échecs à piéger de grands fraudeurs comme Bernie Madoff et par son incapacité à contrôler les excès (sic) qui ont déclenché la crise. La Maison blanche affirme en tout cas ne pas avoir piloté la procédure ».
Est-il nécessaire de rappeler que Bernard Madoff, condamné à 150 ans de réclusion en juillet 2009, pour « l’escroquerie du siècle », évaluée à 65 milliards de dollars a réussi à échapper à seize ans d’enquêtes successives…
D’autres mettent en cause plus largement la responsabilité de la SEC évoquant notamment un rapport de l’Inspecteur Général David Kotz qui a établi que des anciens de la SEC étaient au courant depuis 1997 de la colossale escroquerie du banquier texan Allen Stanford, d’un montant de 8 milliards avec ses fonds d’investissements, lequel est soupçonné d’être à l’origine d’un dispositif frauduleux qui a ruiné des dizaines de milliers d’investisseurs en Amérique latine et dans les Caraïbes.
La mise en accusation de GS, très médiatisée, est interprété par beaucoup comme une diversion et une volonté d’occulter la corruption qui règne à Wall Street et qui touche certains membres de la SEC ; d’autant que la banque new yorkaise risque tout au plus de devoir s’acquitter de quelques millions de dollars. Une « bricole » à cette échelle, qui ne consolera pas les victimes des agissements d’une banque qui incarne jusqu’à la caricature les méfaits d’une finance mondialiste sans foi ni loi.