Alors que Nicolas Sarkozy est actuellement en visite officielle en Chine pour parler crise iranienne, G 20 mais aussi gros contrats, la crise grecque secoue marché financiers et soumet à rude épreuve la solidité et l’avenir de la zone euro. Pour tenter de stopper la panique qui s’est emparée des acteurs économiques, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a déclaré qu’il était « hors de question » que la Grèce ou un autre pays de la zone euro fasse défaut sur ses obligations. Sur le marché obligataire, où se négocie la dette des Etats, les taux grecs ont battu de nouveaux records mardi, autour de 9,6%. Nous évoquions sur ce blog le 26 avril, le cri d’alarme du ministre des Finances Georges Papaconstantinou, qui notait qu’au vu des conditions de marché « totalement prohibitives », son pays ne pouvait plus emprunter, Athènes pressant l’UE et le FMI, malgré les réticences allemandes, de débloquer urgemment l’argent promis ( d’un montant finalement de 55 milliards d’euros) d’ici le 19 mai, date à laquelle arrive à échéance une obligation d’Etat de 9 milliards d’euros.
Mardi le gouvernement grec a estimé que le déficit budgétaire du pays pourrait s’élever à 14% du PIB en 2009, bien au-delà de la limite imposée par Bruxelles des 3% du PIB… Pour autant, un sondage publié mardi fait apparaître qu’une large majorité de Grecs (61%) désapprouve la décision du gouvernement d’avoir recours à l’aide de l’UE et encore plus du FMI (70,2%)
Pour rendre effectif le plan d’aide à la Grèce, le président de l’Union Européenne, Herman Van Rompuy, a annoncé la convocation d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Eurogroupe «autour du 10 mai ». Les craintes sur la solvabilité de la Grèce ont été renforcées par l’agence de notation Standard & Poor’s, directement responsable mardi de la plongée des marchés boursiers avec l’annonce d’un abaissement de trois crans de la la note de la dette de la Grèce, la reléguant dans la catégorie des obligations spéculatives. Concrètement les taux des obligations grecques à trois ans ont dépassé les 15 %, rendant matériellement quasiment impossible tout financement sur les marchés.
Au-delà même du cas de la France, la Grèce n’est pas le seul « maillon faible » de la zone euro comme le notait par ailleurs Jean-Marie Le Pen invité dimanche du « Grand Jury ». Standard and Poor’s a également dégradé la note souveraine du Portugal de deux crans, pays qui, à l’instar de la Grèce, aurait une perspective de croissance trop faible pour obtenir les recettes nécessaires au remboursement de sa dettes. L’Espagne et l’Irlande sont également considérées comme les Etats les plus risqués.
Cette crise majeure qui fait que la pérennité de l’euro est menacée comme jamais, faisant trembler sur ses bases le dogme bruxellois de la monnaie unique, valide pleinement soulignons-le, les avertissements et analyses économiques du Front National. Dans ce contexte, le site Polemia a opportunément publié en ce début de semaine sur son site, l’article paru sur celui du quotidien Le Monde le 19 avril et signé par Philippe Simonnot, directeur de l’Atelier de l’économie contemporaine. « Les experts relève-t-il notamment, qui avaient claironné ces derniers mois que la crise était dépassée parce que la Bourse avait retrouvé des couleurs ont dû vite déchanter. Loin d’être terminée, la crise déroule ses effets dévastateurs avec une régularité diabolique ».
« Comme on pouvait s’y attendre, la substitution de la dette publique à la dette privée que l’on a opérée pour venir au secours d’une finance dévoyée n’a fait que reculer les échéances et aggraver les déficits publics, déjà fort lourds. Les « actifs toxiques » dont on cherchait à se débarrasser ont fini par intoxiquer les Etats eux-mêmes ».
« De deux choses l’une, maintenant affirme Philippe Simonnot : ou bien les gouvernements prennent des mesures pour réduire le fardeau d’une dette qui n’est soutenable ni aux Etats-Unis ni en Europe, quand les taux d’intérêt sont supérieurs au taux de croissance de l’économie, et ces mesures briseront la relance » annoncée. Ou bien les Etats poursuivent leur fuite en avant, les taux d’intérêt remonteront, le poids de la dette s’alourdira un peu plus, et la relance sera tout aussi molle ».
« La Grèce n’est que le maillon le plus faible de cet enchaînement fatidique, et ce que nous faisons pour la Grèce, nous devrons le faire pour d’autres pays membres de la zone euro. Dans les deux cas, on assistera à une augmentation du chômage, qui se paiera forcément au niveau politique – pour dire les choses calmement. Le résultat des élections régionales en France en est le premier signal ».