Tête de gondole du FMI, Dominique Strauss-Kahn était hier soir l’invité, via un entretien enregistré mercredi à Washington, de l’émission « A vous de juger », sur France 2. Auréolé de sa réputation de « grand-économiste-en-première-ligne-pour-sauver-l’Europe-de-la-crise-grecque », l’éventuel candidat à la prochaine présidentielle a joué habilement ( ?) la partition de l’humilité: «Je ne demande qu’une chose, c’est qu’on me laisse travailler», « ce que je fais me passionne, j’essaie de le faire le mieux possible», «ce qui compte, c’est de faire ce dont le pays a besoin » «Je suis intéressé par la France comme un Français peut être intéressé par la France » … beau comme l’antique. Eludant toute question sur 2012, il a cependant tenu à se démarquer de Martine Aubry en jugeant implicitement obsolète de s’arc-bouter sur un départ à la retraite à l’âge de soixante ans. Au rayon pédagogique, DSK a pris bien soin de marteler aux téléspectateurs qu’hors l’euromondialisme et l’euro, il n’existe point de salut.
Questionné sur la crise de la zone euro, M. Strauss-Khan a considéré qu’elle n’était pas «en risque d’exploser» mais que « le risque c’est qu’elle tourne mal, qu’elle fonctionne mal». Une affirmation reprise en cœur par l’ensemble des gardiens du dogme, et notamment encore aujourd’hui par le ministre du Budget François Baroin sur Europe 1 selon lequel « l’euro n’est pas en danger » du fait notamment de la « détermination très forte » des Etats membres de l’euroland à le défendre…
Sans surprise non plus, M Strauss-Kahn a continué à prêcher pour sa paroisse mondialiste en défendant le rôle du FMI, « reconnu par tout le monde » (sic) « depuis le début de la crise des subprimes » a-t-il osé affirmé, avant d’expliquer les « attaques contre l’euro » par le fait que « l’Europe est structurellement à la traîne». Bref, nous constatons une fois de plus que s’applique à l’analyse strauss-kahnienne les mêmes reproches que ceux formulés dernièrement dans un tout autre domaine à la pensée freudienne par Michel Onfray, a savoir qu’elle se complaît dans l’affabulation, la pensée magique, dans le déni d’une réalité qu’il entend enchaîner à l’idéologie qui est la sienne.
Affirmer comme il le fait que la solution à nos maux est d’augmenter l’emprise de l’Europe de Bruxelles sur nos souverainetés économiques et que la zone euro «n’est pas en risque d’exploser » est proprement ahurissant. Rappelons une nouvelle fois ici le cas des maillons faibles de l’euroland que DSK n’ignore pas. Si la Grèce, l’Irlande (1,80%), et le Portugal (1,82%) ne représentent que 6,3% du PIB de la zone euro, l’ Italie et l’Espagne représentent respectivement 17,1% et 11,6% du PIB de celle-ci.
Aussi, le plan de 100 milliards d’euros décrété pour sauver la Grèce, une solution provisoire et inadaptée (il aurait fallu faire sortir la Grèce de la zone euro pour lui permettre de dévaluer sa monnaie afin de réduire ses importations, améliorer ses exportations et faciliter les flux engendrés par la manne touristique) ne pourra avoir lieu à nouveau pour les autres pays de la zone euro en difficulté. Nous rejoignons ici la réflexion de notre ami et dirigeant du FPÖ, l’Autrichien Heinz-Christian Strache, qui évoquant les mesures d’aide à la Grèce note que « Cela (lui) rappelle un peu le Titanic, sur lequel les politiciens rouges (sociaux-démocrates) et noirs (conservateurs) dansent sur le pont supérieur et se laissent fêter en tant que sauveur pendant que l’orchestre des médias joue des mélodies rapides. Mais en dessous les passagers sont debout avec de l’eau jusqu’au cou ».
Parallèlement hors zone euro, en 2009, aux Etats-Unis, le déficit primaire structurel (c’est çà dire sans prendre en compte les intérêts de la dette), atteint 7,3% du PIB et, au Royaume-Uni, 6,8% du PIB : il est pire que les 6% de la Grèce ! Le déficit public américain de 2009 atteint 103% du PIB. On l’aura compris, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont donc très menacés. Mais ils ont un atout majeur par rapport aux pays européens cités plus haut et bien sûr par rapport à la France : ils disposent de leur propre monnaie sur laquelle ils peuvent jouer. Une marge de manœuvre conditionnée à la souveraineté monétaire dont ne dispose pas notre pays, pieds et poings liés devant les diktats de la Banque Centrale Européenne (BCE).