Au terme de la la proposition de loi socialiste de Bariza Khiari et votée le 11 février 2009 par les sénateurs, l’accès à l’exercice de quatre professions -architectes, géomètre-experts, experts comptables et vétérinaires- étaient désormais ouvert aux étrangers non européens, reléguant aux oubliettes la notion de préférence nationale et communautaire dans les domaines en question.
Pour faire bonne mesure, les sénateurs avaient abandonné la condition de nationalité française ou d’appartenance à l’UE pour les médecins, sages-femmes, et chirurgiens-dentistes exerçant en milieu hospitalier, un souhait finalement intégré à la loi sur l’hôpital, votée en juillet 2009.
Ce vœu socialiste avait été chaudement approuvé par la droite courbe, à l’image de la centriste Nathalie Goulet déclarant alors que « Cette proposition de loi (lui inspirait) un seul regret » : « celui de ne pas y avoir pensé plus tôt moi-même ! ». Même son de cloche du sénateur sarkozyste Gisèle Gauthier qui avait apporté le soutien du groupe UMP au PS, déplorant que « près de sept millions » d’emplois soient « interdits partiellement ou totalement aux étrangers, la plupart dans la fonction publique »… Devant le Sénat, le secrétaire d’Etat au commerce, Hervé Novelli n’avait rien trouvé à redire à cette proposition puisqu’elle « ne modifi(ait) pas les règles applicables aux ressortissants extra-communautaires en matière d’entrée et de séjour sur le territoire ».
Mais la majorité présidentielle a changé son fusil d’épaule jeudi, avec la dose d’hypocrisie qui est une des marques de fabrique génétique de cette droite là. M. Novelli a ainsi expliqué que finalement, si « ce débat est légitime ( !), et la position du gouvernement n’a pas varié sur ce point, le texte qui nous est proposé aujourd’hui présente malgré tout certaines limites ».
Tentant lui aussi de noyer le poisson, le député UMP Claude Bodin a affirmé que la majorité se doit « d’inscrire (sa) démarche dans une politique d’immigration d’ensemble ». Son collègue Thierry Mariani a été chargé du clin d’œil final à ces électeurs frontistes sur lesquels Sarkozy fondent encore quelques espoirs en 2012, en déclarant que « sous des dehors sympathiques (sic), les auteurs (du texte) veulent mettre un pied dans la porte (…) cette proposition est le meilleur moyen d’encourager la fuite des cerveaux et le pillage des élites. « Je veux qu’un fonctionnaire de la République soit avant tout un Français de la République », ou alors « qu’il y ait réciprocité », a-t-il ajouté.
Certes cet amour soudain de l’UMP pour le concept de préférence nationale et communautaire, n’ira pas au-delà, l’UMP refusant notamment de l’étendre à l’ensemble du mode du travail. Mais ne boudons pas notre plaisir, ce repli de l’UMP sur des positions plus nationales a bien été opéré avec l’aiguillon du FN dans les reins. Le député socialiste Daniel Goldberg l’a d’ailleurs constaté, ce revirement s’explique par le fait que « le débat sur l’identité nationale est passé par là »…
Pour autant, l’UMP reste tiraillée entre ses calculs électoraux et le ralliement de ses dirigeants, mais aussi de beaucoup de ses cadres et élus à l’idéologie mondialiste. Ainsi jeudi, la pétition signée par une vingtaine d’élus de gauche, exigeant à l’instar du Medef et des officines antinationales la régularisation des travailleurs immigrés clandestins a été signée par deux députés UMP, Etienne Pinte et Françoise Hostalier.
Ces soutiens de Nicolas Sarkozy n’ont pas hésité à mêler leurs voix à celles des écolo-gauchistes Noël Mamère, Yves Cochet, Yannick Jadot et François Rugy, des socialistes Georges Pau-Langevin Daniel Goldberg et Sandrine Mazetier, de la « radical de gauche » Christiane Taubira, des communistes en rupture de parti Patrick Braouezec et Jacqueline Fraysse ou encore de Martine Billard (Parti de gauche). Comme d’habitude l’UMP entend jouer une manche dans chaque camp.