Comment se dépêtrer de « l’affaire Woerth », laquelle vient couronner toute une série de gaspillages et autres libertés prises avec la légalité et les deniers publics par des membres du gouvernement ? D’abord il s’agit de lâcher du lest : lors de sa rencontre mensuelle avec les parlementaires de l’UMP mercredi dernier, Nicolas Sarkozy a confirmé aux députés UMP que s’il gardait sa confiance en Eric Woerth, il procéderait à un remaniement ministériel en octobre et en profiterait pour tirer « sévèrement » les conséquences du comportement de plusieurs membres du gouvernement Fillon. Il a en fait précipité les choses ces derniers jours puisque les secrétaires d’Etat Alain Joyandet et Christian Blanc viennent de « donner » leur démission, ce dernier affirmant aujourd’hui dans un communiqué avoir fait l’objet d’un « lynchage sans preuve ». Le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, toujours adepte de la méthode Coué, a estimé ce matin sur Europe 1 qu’avec ces départs « les choses sont revenues à l’endroit ».
Un sentiment qui n’est guère partagé, non seulement par les Français mais au sein même de l’UMP. Certains ont d’ailleurs interpellé le chef de l’Etat, à l’instar de Bernard Debré qui a fait part du trouble suscité par le fait que le ministre Eric Woerth soit aussi trésorier du parti sarkozyste. Pas de quoi troubler le chef de l’Etat qui par la voix de Xavier Bertrand a confirmé qu « il n’y aura pas de changement » de trésorier de l’UMP…
Les medias ne sont pas dupes pour autant de la manœuvre consistant à sacrifier les pions Joyandet et Blanc pour protéger la situation du ministre du Travail. « Ces deux démissions, sorte d’écran de fumée sur l’opinion, pourraient calmer les vociférations de l’opposition » croit deviner Yann Marec dans le Midi Libre ; « (…) sacrifier deux personnes pour essayer d’en sauver une troisième, plus gravement menacée, témoigne d’une grande panique au sommet » estime Alain Joannès dans Le Télégramme.
« Éric Woerth est certes préservé mais les fusibles ont cramé », constate Denis Daumin de La nouvelle République. Pour Dominique Garraud de la Charente Libre, « les démissions de deux sous-ministres dans le collimateur témoignent d’une grande fébrilité de l’Élysée. Et s’il fallait parier sur les chances de succès d’une opération diversion Joyandet-Blanc, la cote serait très élevée ». « En faisant le ménage chez les ministres les moins défendables, l’exécutif espère éviter les amalgames avec Eric Woerth. Cela tiendra-t-il jusqu’en octobre? », s’interroge Jean-Michel Helvig dans la République des Pyrénées.
« En vérité, un vent de panique a gagné l’exécutif. (…) Sauf que Nicolas Sarkozy, débordé, n’en finit plus de courir derrière les événements », relève Jacques Camus de la République du Centre. « Connu jusqu’ici pour sa réactivité hors pair, Nicolas Sarkozy a toujours un temps de retard depuis la fin mars, quand a commencé à s’enfiler le collier de perles des affaires » estime pareillement Philippe Waucampt du Républicain Lorrain. Tout aussi sévère , Jean-Claude Souléry, de La Dépêche du Midi, souligne que « ce n’est pas encore une hécatombe, mais ça sonne déjà comme le début de la fin »…
Les éditoriaux de la presse régionale ou nationales laissent poindre plus ou moins ouvertement une grande inquiétude, celle de voir ce dégout des Français devant les mœurs politiciennes, que les mesures symboliques prises par Sarkozy ne calmera pas, venir gonfler le vent de fronde contre les partis du système et profiter au Front National.
Ne nous y trompons pas, la tribune cosignée cette fin de semaine dans Le Monde par l’ex Premier ministre Michel Rocard et l’ancienne ministre, présidente d’honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, Simone Veil pour inviter leurs amis à ne pas trop en faire sur le cas Eric Woerth est extrêmement symptomatique. « L’état du débat public – si tant est qu’il s’agisse vraiment d’un débat – autour d’une affaire qui fait les titres de la presse ces derniers jours nous inquiète profondément écrivent-ils Le Club Vauban a été fondé il y a près de trente ans autour d’une idée simple : rien n’est plus essentiel que de favoriser le dialogue entre tous ceux qui, de droite, de gauche ou du centre, ont en charge l’intérêt public. Et rien n’est pire que l’anathème lorsqu’il prétend en tenir lieu. Sans dialogue, il n’existe pas de débat, pas d’échange d’idées, donc pas de démocratie ».
« Nous prenons aujourd’hui la parole, ensemble, pour affirmer haut et fort qu’il est temps, grand temps, de dire Halte au feu ! ». Et les deux gardiens du temple, d’ajouter que « le monde dans lequel nous vivons donne ces temps-ci, de la scène sportive à la scène médiatique, suffisamment d’exemples d’intolérance et d’intempérance pour que les responsables politiques s’abstiennent d’apporter du grain à moudre à la broyeuse populiste » (sic).
« Mesure-t-on bien les effets dévastateurs du spectacle affligeant qui se donne jour après jour devant l’opinion autour de l’affaire Bettencourt ? Veut-on définitivement démonétiser une parole politique déjà suffisamment dévalorisée, décriée, diminuée ? » craint encore le duo…
Ce rappel effectué de la collusion intime liant gauche et droite mondialistes, nous nous en sommes encore aperçus à l’occasion du procès des émeutiers de Villiers-le-Bel qui ont tiré sur les policiers en 2007. La cour d’assises du Val-d’oise a condamné samedi les tireurs à des peines de trois à quinze ans de prison : Abou Kamara a écopé de quinze ans, son frère, Adama Kamara, de douze ans, Ibrahim Sow de neuf ans, Maka Kante de trois ans de prison pour port d’arme de 4e catégorie et Samuel Lambalamba, à trois ans de prison pour avoir fourni un fusil à pompe et des munitions aux tireurs.
Or, aucun « grand media » ni adversaire de gauche de l’UMP n’a relevé qu’au nombre des quatre jeunes qui comparaissaient devant cette cour d’Assises, l’un d’entre eux faisait partie de la liste UMP de Sylvie Noachovitch lors des dernières élections municipales de mars 2008. Seul Bruno Gollnisch a fait état de cette information dans un communiqué paru le 30 juin, qui a été accueillie dans un silence assourdissant…