L’épisode Woerth-Bettancourt est un peu au gouvernement ce que sont les apparitions récurrentes de Bianca Castafiore pour le capitaine Haddock et Tintin dans les célèbres aventures du petit reporter : un sujet d’irritation, d’exaspération et de malaise dont on croit pouvoir se défaire, mais qui revient toujours pour vous hurler dans les oreilles. Deux jours après l’entretien accordé par le chef de l’Etat à David Pujadas sur France 2, la polémique est repartie de plus belle avec l’article paru dans Le Canard Enchaîné. L’hebdomadaire affirme que M. Woerth, juste avant qu’il ne quitte son poste de ministre du Budget, a « bradé » , une parcelle de la forêt de Compiègne (Oise) avec son hippodrome et son golf, « à une société amie » , la Société des Courses de Compiègne, jusqu’alors locataire des lieux, pour 2,5 millions d’euros. Une transaction « de gré à gré, sans enchère, ni appel d’offre », selon le Canard.
Histoire d’alimenter cette « chasse à l’homme », « cette « persécution infondée » dit on en gros à l’UMP, Libération a publié de son côté hier un article mettant en cause l’épouse du ministre, affirmant que celle-ci aurait fait acte de candidature l’année dernière auprès des filiales françaises de deux banques suisses, au moment ou son mari s’engageait dans la lutte contre l’évasion fiscale…
Selon deux sondages, 60% des Français pour l’Ifop et 62 % pour le CSA, n’ont pas trouvé convaincant Nicolas Sarkozy concernant l’affaire Bettencourt-Woerth lundi soir.
Certes, dans la conjoncture actuelle, celle-ci n’est certainement pas le sujet de préoccupation numéro un de nos compatriotes confrontés à la très violente crise économique, sociale et identitaire que l’on sait.
Comme l’a noté le journaliste du Figaro Ivan Rioufol sur son blog, « c’est beaucoup plus gravement l’avenir de la cohésion nationale, malmenée par des communautarismes ethniques et religieux eux-mêmes encouragés par l’Europe multiculturelle, qui inquiète de très nombreux Français. Le Pouvoir, à l’instar de Brecht, voudrait-il dissoudre ce peuple mal luné qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Or, on ne joue pas impunément avec les identités ».
On en joue pas non plus impunément avec les symboles et l’élévation au rang de Chevalier de la Légion d’honneur, lors de cette promotion du 14 juillet, de l’écrivain Calixthe Belaya en est un. Accusée plusieurs fois de plagiat, qualifiée de « récidiviste de la kleptomanie littéraire » par le site internet du magazine Télérama en juillet 2008, Mme Belaya est certainement récompensée plus certainement ici pour son « combat historique » en faveur la promotion des « minorités visibles ».
Il y a douze ans de cela, elle déposa plainte contre le CSA et le gouvernement français « devant l’absence de Noirs à la télévision ». Elle fut reçue à ce titre en octobre 1999, par le président du CSA de l’époque, Hervé Bourges, actuelle cheville ouvrière de la politique de discrimination positive à France télévisions –voir notre article en date du 8 juillet- élaborée par Nicolas Sarkozy et Eric Besson.
Mardi, le ministre de l’immigration massive a justement reçu avec la satisfaction que l’on imagine le rapport réalisé par le bureau d’Etudes Deloitte à la demande du Centre d’analyse stratégique (CEA), qui préconise quinze recommandations pour « renforcer la diversité sur le marché de l’emploi en France ».
Pour lutter notamment contre la discrimination « socio-territoriale » qui frappe les habitants des cités plurielles, le rapport propose de faire du lieu de résidence un critère de discrimination inscrit dans la loi.
Il est recommandé aussi d’imposer aux entreprises la promotion de « la méthode de recrutement par simulation » qui permet de contourner la « survalorisation » des diplômes par des mises en situation permettant de « tester en temps réel les aptitudes des candidats ». Une méthode jugée « particulièrement utile » par M. Besson, principalement pour accélérer la mise en concurrence des diplômés français avec « les immigrés primo-arrivants » dont « les diplômes acquis à l’étranger ne sont pas toujours reconnus en France ».
Le ministre a promis d’étudier avec soin la possibilité de mettre rapidement en place « la promotion de la diversité dans le cadre de la commande publique », « la création d’une instance interministérielle dédiée à la diversité » ou encore « la prise en compte de la diversité dans le bilan social des entreprises ». A noter que pas une seule voix ne s’est élevée au sein de l’UMP, même chez ceux qui ont les mots « principes républicains » et « méritocratie » tout le temps à la bouche, pour contester la mise en place de cette politique d’ « affirmative action ».
Expérimentée aux Etats-Unis pendant plus de quarante ans, la discrimination positive est aujourd’hui remise en cause, fortement contestée, voire totalement abandonnée sous la pression populaire par de nombreux Etats américains.