L’accaparement par le gouvernement cet été des questions ayant trait à la sécurité ou aux flux migratoires (le cas des Roms) a été payant, preuve s’il en était besoin que ses thématiques, portées de longue date par le FN, sont au cœur des préoccupations des Français. Selon le baromètre mensuel TNS Sofres Logica pour le Figaro magazine, rendu public aujourd’hui, la cote de confiance de Nicolas Sarkozy, qui avait atteint son plus bas niveau depuis 2007 en juillet, a remonté de 4 points à 30% et celle de François Fillon de 2 points à 37%.
Concernant justement le cas des Roms, Bruno Gollnisch avait expliqué et anticipé ces derniers jours, notamment lors de ses différents passages médiatiques, le décalage existant entre la volonté de fermeté affichée par le gouvernement et son inféodation volontaire à une Europe bruxelloise qui le prive de toute marge de manœuvre et de la possibilité d’agir au mieux des intérêts de nos compatriotes.
Le rapport présenté hier par la commissaire à la Justice Viviane Reding, intitulé « la situation des Roms en France et en Europe » et ayant trait à la politique française vis-à-vis des Roms en est une illustration flagrante. « La Commission européenne attend des informations détaillées de la France » pour établir si les reconductions de Roms vers la Roumanie sont conformes ou non au droit européen a écrit Mme Reding.
Au terme de celui-ci -l’article 21 du traité de Rome-, tout citoyen de l’UE a le droit de circuler et de s’établir librement dans n’importe quel Etat membre. Une directive (loi) européenne précise cependant, souligne justement une dépêche de l’Afp, « que des restrictions peuvent être imposées à la liberté de circulation notamment au nom de l’ordre public, la sécurité publique ou la santé publique ».
Porte-parole de Mme Reding, Matthew Newman s’est chargé cependant de rappeler la doxa officiel : « Les Roms sont des citoyens européens, ils ont les mêmes droits que tout le monde. L’intégration des Roms c’est partout en Europe, les pays d’origine, les pays d’accueil, nous parlons de tous les Etats membres. Il faut une intégration complète dans chaque Etat membre », a-t-il martelé.
A l’issue d’un entretien avec son homologue Bernard Kouchner, le ministre roumain des Affaires étrangères Teodor Baconschi a souligné que Bucarest « n’acceptera aucune forme de discrimination de ses citoyens présents dans d’autres pays européens, ni aucune remise en cause de leur liberté de circulation ». Le numéro deux de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu, a contesté les arguments avancés pour justifier les renvois de Roms, estimant qu’ils ne sont « pas valides ».
« J’ai demandé à la Commission européenne de vérifier si ces rapatriements volontaires le sont vraiment a précisé M. Aurescu, compte tenu des circonstances entourant les évacuations successives des campements, jusqu’à ce que les personnes en question soient obligées d’accepter l’offre de retourner dans leur pays en échange d’une somme d’argent ». « Somme d’argent » qui de toute façon, une fois perçue et de retour en Roumanie, ne les empêchera aucunement de revenir en France.
Il eut été en effet étonnant que dans cette histoire, les Français n’aient pas été de nouveau sommés de mettre la main au portefeuille…