Alors que le mois du ramadan s’achève pour les presque deux milliards de musulmans, la volonté affichée par le pasteur américain Terry Jones, qui dirige en Floride une obscure secte protestante fondamentaliste, de brûler des exemplaires du Coran « en souvenir des victimes du 11 septembre » soulève bien des inquiétudes. Cette initiative d’une « colossale finesse » risque pour beaucoup d’exposer encore plus la vie des soldats Américains en Afghanistan et en Irak et au-delà, fait craindre des représailles vis-à-vis des communautés chrétiennes d’Orient et d’Asie. Cependant, même dans les pays d’Europe concernés par l’immigration arabo-musulmane, les chrétiens sont de plus en plus fragilisés et/ou considérés comme quantité négligeable.
Fragilisés déjà par l’esprit de conquête des nouveaux arrivants : Le Figaro (édition du 31 août dernier) rapportait ce témoignage « d’Estelle », enseignante depuis sept ans en « zone d’éducation prioritaire » : « A chaque fois que j’évoque en cours la bataille de Poitiers et Charles Martel arrêtant l’invasion arabe, j’ai la même réaction, raconte-t-elle, Plusieurs gamins s’écrient : On est de retour et cette fois on va gagner ! ».
Echec de l’assimilation qui se manifeste aussi dans les grands magasins. A ce sujet, un internaute nous a fait parvenir la lettre qu’il a envoyée au responsable d’une grande surface à l’occasion du ramadan : « Merci pour les remises special ramadan (sic), il faudrait aussi faire 20% tous les vendredis sur le rayon poisson car le vendredi les catholiques ne mangent pas de viande. Le mercredi des cendres et le Vendredi saint, deux jours de jeunes pour les catholiques vous devriez faire des efforts (…) Voilà où serait la bonne égalité pour les croyants ».
D’égalité il n’est guère plus question à l’évidence. Pourtant selon l’enquête de l’Ifop « sur l’implantation et l’évolution de l’islam de France (1989-2009) », la France compterait cinq millions de musulmans sur les 16 millions de pratiquants, toutes religions confondues.
33% de musulmans se disant croyants et pratiquants, cela donne le chiffre d’environ 1 400 000 personnes pour le marché halal, le Ramadan étant aussi largement suivi par des musulmans qui ne pratiquent pas régulièrement leur religion au cours de l’année.
Les juifs seraient environ 600 000 dont 20% de pratiquants, soit 120 000 personnes et si à peu près deux tiers des français se disent catholiques, (grosso modo 44 millions de Français), on peut imaginer à tout le moins que les 15 % de Français allant régulièrement à la messe selon le sondage publié par La Croix le 28 décembre 2009, soit six à sept millions de personnes, aimeraient bien manger du poisson le vendredi et faire des repas maigres en période de carême. Une possibilité qui a disparu dans les cantines des écoles publiques et des collectivités publiques, où le porc est en revanche très largement banni, comme pour les repas de l’équipe de France de football dixit son entraîneur Laurent Blanc…
Pareillement les grandes surfaces ne communiquent guère en direction de leur clientèle catholique, qu’ils considèrent peut être comme « acquise » par défaut, ou par crainte de froisser d’autres « communautés » plus « susceptibles » et qu’ils souhaitent attirer.
Le site islamique français Al-Kanz, le notait d’ailleurs le 15 août dernier : « les consommateurs musulmans sont convoités par une foule d’acteurs économiques. Ils ont le pouvoir, ils ont l’argent et ils sont persuadés qu’ils peuvent les conquérir. En même temps, ces acteurs économiques ont une terrible crainte : que les consommateurs musulmans se rendent vraiment compte qu’ils sont désirés. C’est là le talon d’Achille de ces acteurs économiques, la faiblesse qui fait d’eux des géants aux pieds d’argile. Rien de tout ce qui fait leur pouvoir n’aura d’effets sur les consommateurs musulmans, si ces derniers refusent de leur accorder leurs faveurs. »
Il en va d’ailleurs du « business » comme du reste, puisque l’annonce ou l’exposé des grandes fêtes catholiques dans les journaux télévisés, hormis le cas du raout commercial qu’est devenu Noël, sont passés à la trappe alors que se multiplient les reportages sur « le mois du ramadan ».
Et pourtant, selon un autre sondage paru dans La Croix en mars 2008, 54% des catholiques non pratiquants se déclarent aussi « attachés aux racines chrétiennes de la France ». Cette appartenance de type quasi « patrimonial » relevait ce quotidien « (expliquant) que la religion soit aujourd’hui revenue au centre du débat sur l’identité »…