Au lendemain de la journée de mobilisation sur « les retraites » –entre 900 000 et 2 900 000 manifestants selon les sources…- Ségolène Royal était l’invitée de France 5 dimanche. Occasion pour l’(ex) égérie du PS de faire une « révélation » : elle a affirmé qu’elle avait refusé d’utiliser lors de sa campagne présidentielle en 2007 un « pamphlet très violent » fait par Eric Besson, alors apparatchik socialiste, contre le candidat Nicolas Sarkozy, car « les Français méritaient autre chose ». « Peut être est-ce à la suite de cela qu’Eric Besson a changé de camp puisque son talent n’étant pas reconnu dans sa capacité de pamphlétaire, il est allé l’exercer contre moi dans le camp d’en face » a-t-elle ajouté.
Histoire d’enfoncer le clou, Mme Royal a sous-entendu le pire en évoquant l’illustration accompagnant un article de M. Besson sur le futur chef de l’Etat qu’il qualifiait alors de « néo-conservateur américain à passeport français »: « Souvenez vous, avec cette photo en une où on voyait le profil de Nicolas Sarkozy. C’était limite raciste » (sic).
Si pour la dirigeante de l’exécutif de Poitou-Charentes, Sarkozy n’a pas le bon profil, admettons que la gauche n’est guère mieux lotie et a peiné ce dimanche à mobiliser ses troupes sur la réforme des retraites. Même si celle-ci est majoritairement impopulaire, le FN a d’ailleurs manifesté ses désaccords sur celle-ci et ses propositions lors de son colloque le 25 septembre, nos compatriotes doutent tout autant de la capacité du PS à faire mieux, comme l’attestent de nombreuses enquêtes d’opinion.
Selon un sondage Obea Intraforces pour France Info et le quotidien gratuit 20 Minutes, le chômage se hisse d’ailleurs au premier rang des préoccupations des sondés (28,8%) loin devant l’avenir des retraites (20,8%), la crise économique (19,9%), l‘insécurité (10,9%), le terrorisme (8,8%), la menace environnementale (6,8%) et l’immigration (4,1%).
Si la question migratoire semble remisée en bas de tableau, il serait hasardeux d’en conclure que nos compatriotes ne font pas le lien entre la dégradation de leur situation économique, l’explosion du chômage, de la pauvreté et la présence en France de 6 à 9 millions d’immigrés.
Une situation dont l’électorat ouvrier a pleinement conscience et qui explique largement sa sympathie pour les idées du Front National. Faut-il le rappeler, au-delà des menaces qu’elle fait peser sur notre identité nationale, l’immigration-invasion c’est encore et toujours la mise en concurrence des nationaux avec des travailleurs étrangers toujours plus nombreux à viser les postes modestes.
Mais les ouvriers ne sont plus les seules en première ligne d’une politique voulue par un certain patronat, avec la complicité des pouvoirs publics, pour faire pression à la baisse sur les salaires. Bruno Gollnisch évoquait vendredi lors de sa conférence de presse le « rapport Klamt » relatif à l’ « Immigration hautement qualifiée et à la mise en place d’une Carte bleue européenne ».
Celle-ci «ouvre un droit instantané au regroupement familial et sans réelle limite de temps, prétendument réservée aux travailleurs hautement qualifiés, offre à ses bénéficiaires la liberté de circulation et d’installation dans tous les Etats membres de l’Union européenne ». « Ce sera une nouvelle pompe aspirante pour une immigration qui ne sera pas plus contrôlée au niveau de l’Union qu’elle ne l’est aujourd’hui dans bien des pays au niveau national ».
« Elle instaure un seuil de rémunération minimal totalement aberrant et arbitraire, ne tenant aucun compte de la réalité ni des secteurs ni des métiers concernés. Avec une double conséquence prévisible : l’entraînement vers le bas des salaires des Européens les plus qualifiés, qui seront encore plus tentés qu’aujourd’hui de s’expatrier hors d’Europe ; l’exploitation des immigrés, avec l’absence de garantie pour eux d’obtenir des salaires vraiment à la hauteur de leurs qualifications ».
Chômage, retraite, fuite des cerveaux, ultra libre échangisme européiste, immigration… : autant de problèmes liés, en interaction les uns avec les autres, dans lesquels les ex complices de Ségolène Royal et les nouveaux amis d’Eric Besson ont tour à tour démontré leurs « talents »… Difficile cependant de donner tort à la grande prêtresse de la « bravitude » au moins sur un point : les Français méritent (vraiment) autre chose .