Mardi dernier était publié une nouvelle étude présentée par la Fondation Friedrich-Ebert. Au terme du sondage commandité, il ressort que près de six allemands sur dix (58,4%) estiment qu’il faut considérablement restreindre la pratique du culte musulman en Allemagne ; une majorité des personnes interrogées (55,4% ) affirme comprendre que « pour certaines personnes, les Arabes soient désagréables », plus d’un tiers (34,3%) pensent que les étrangers « ne viennent en Allemagne que pour profiter des prestations sociales ». Dans ce climat d’exaspération de la société allemande, et en plein débat sur l’intégration des étrangers, la chancelière Angela Merkel a jeté un pavé dans la mare samedi devant les jeunes de l’Union des chrétiens démocrates (CDU) à Potsdam.
Certes, Mme Merkel a demandé à nos cousins germains d’accepter la présence de mosquées affirmant que «l’islam fait partie de l’Allemagne» et relevant que «plus de 2500 imams officient chaque semaine dans les mosquées ». « Ignorer la réalité n’est pas une réponse aux problèmes qui nous attendent», a-t-elle déclaré.
Pour autant elle a dénoncé « l’approche multiculturaliste » qui a « totalement échoué », relevant que que la coexistence sur le sol allemand, sur une base communautariste et sans volonté d’intégration, de populations culturellement non européennes , conduisait à une impasse.
Elle a estimé que la formation des chômeurs allemands devrait être à l’avenir une priorité plutôt que de faire appel à des travailleurs immigrés. Conséquence de la catastrophique démographie allemande, elle a cependant ajouté que l’économie germanique ne pourrait fonctionner sans travailleurs étrangers qualifiés… Selon la Chambre de l’industrie et du commerce (DIHK), 400 000 travailleurs qualifiés font défaut à l’économie d’Outre-Rhin.
Cette évolution du discours de Mme Merkel, qui se précise d’autant plus que son parti est à la traîne dans les sondages, doit aussi beaucoup à l’énorme succès rencontré par la livre sorti fin août d’un membre du parti social démocrate, (SPD), Thilo Sarrazin, Deutschland schäft sich ab (« L’Allemagne court à sa perte »). Un pamphlet sur les conséquences de l’immigration-invasion qui lui a valu de perdre son poste au directoire de la Bundesbank, mais qui a fait de lui une personnalité très populaire -voir notre article en date du 23 septembre
Certains ont vu l’influence des réflexions de M. Sarrazin sur le discours de la chancelière quand celle-ci a estimé pareillement que l’Etat n’avait pas été jusqu’alors assez exigeant vis-à-vis des allochtones musulmans. Elle a ainsi plaidé pour l’apprentissage obligatoire de la langue allemande pour les nouveaux immigrés afin qu’ils bénéficient du système scolaire et trouvent leur place sur le marché de l’emploi.
Reste que la question mérite d’être posée : l’apprentissage de l’allemand est il un gage d’assimilation effective au modèle culturel germanique ? Il n’a échappé à personne par exemple que l’immigration massive non européenne, très majoritairement anglophone, qui touche le Royaume-Uni, comme l’immigration, principalement francophone, en provenance du continent africain dans notre pays, sont tout aussi problématiques et lourdes de menaces pour l’identité et les valeurs de la société britannique et française…
Rappelons les propos du Premier ministre turc, Tayep Recip Erdogan, lors de son déplacement en France en avril dernier –voir notre article en date du 8 avril-, qui lui offrit l’occasion d’haranguer la communauté turque au Zénith de Paris. Tenant un langage « identitaire » compréhensible de son point de vue, il avait demandé alors à ses compatriotes de s’intégrer en surface…mais de ne s’assimiler sous aucun prétexte.
« Chacun d’entre vous avait-il déclaré, êtes les diplomates de la Turquie, chacun, s’il vous plaît, apprenez la langue du pays dans lequel vous vivez, soyez actifs dans la vie culturelle, sociale du pays où vous vivez (…). La France vous a donné le droit à la double nationalité: pourquoi vous ne la demandez pas ? Ne soyez pas réticents, ne soyez pas timides, utilisez le droit que la France vous donne. Prendre un passeport français ne vous fait pas perdre votre identité turque ».
Quelques temps auparavant, à l’occasion d’une visite de Mme Merkel, M. Erdogan s’était adressé à ses compatriotes et avait insisté clairement sur son refus farouche de l’assimilation: « Personne ne peut vous demander d’être assimilés. Pour moi, le fait de demander l’assimilation est un crime contre l’humanité, personne ne peut vous dire: renonce à tes valeurs ».
Nous voilà prévenus, même si personne ne sait encore comment se résoudra à moyen terme pour les peuples européens ce véritable conflit d’intérêts…