Membre de la première heure du parti laïc nationaliste Baas, soutien indéfectible de Saddam Hussein, le chrétien (chaldéen) Tarek Aziz vient d’être condamné à la peine capitale par la « Haute cour pénale » irakienne . L’ex-vice-premier ministre irakien avait été reçu en février 2003 par Jean-Paul II. La diplomatie vaticane multipliait alors les interventions pour empêcher la guerre décrétée par les Etats-Unis contre l’Irak, au prétexte mensonger que ce pays détenait des « armes de destruction massive » et soutenait « le terrorisme ». Le Vatican a officiellement demandé que la condamnation à mort de Tarek Aziz ne soit pas exécutée. Le Père Federico Lombardi a précisé que cette demande s’inscrivait dans la volonté du Saint Siège de « favoriser la réconciliation et la reconstruction de la paix et de la justice en Irak après les grandes souffrances endurées ».
Sur le site du Point, le journaliste Pierre Beylau rappelle que le fonctionnement de la « haute cour pénale » à Bagdad « s’apparente plutôt à la loi du talion qu’aux principes de droit enseignés dans nos facultés. La peine capitale est infligée à cet homme malade de 74 ans pour un motif des plus flous, son rôle dans l’élimination des partis religieux. Il ne s’agit évidemment pas de justice mais d’une pure vengeance politique ».
« Jadis, souligne t-il encore, Tarek Aziz était reçu dans toutes les capitales occidentales avec les honneurs dus à son rang. Il était le numéro deux et la figure présentable du régime de Saddam Hussein. On lui déroulait le tapis rouge à Paris, on l’appréciait à Washington (…). C’est lui qui avait négocié en 1984 le rétablissement des relations diplomatiques américano-irakiennes avec l’administration de Ronald Reagan ».
« Vous appréciez beaucoup en France les dirigeants du Golfe. Mais lorsqu’ils viennent chez vous, ils s’intéressent aux call girls. Moi je vais à l’Opéra, nous confia-t-il un jour un tirant sur son éternel Havane ».
« Son rôle le tenait fort éloigné des actes de répression (…), précise encore Pierre Beylau qui note tout aussi justement qu’ « en détruisant l’Irak, les États-Unis ont bouleversé un équilibre multiséculaire entre le monde arabe et le monde perse, entre sunnites et chiites, entre laïcité et islamisme. Ils ont ouvert un boulevard à l’Iran. En définitive, Tarek Aziz, dans ce séisme géopolitique, n’est qu’un pion sacrifié ».
En septembre 2005, une délégation de SOS enfants d’Irak, emmenée par sa présidente d’Honneur Jany Le Pen, et à laquelle s’était joint Bruno Gollnisch, s’était rendue en Jordanie pour y apporter une aide matérielle aux réfugiés irakiens, rencontrer des officiels mais aussi manifester son soutien à la femme de Tarek Aziz et à sa famille, quasiment privées de tout contact avec ce dernier. Comme le relatait alors Jany dans National hebdo, « je n’oublie pas que Tarek Aziz, francophile, francophone et chrétien, a toujours manifesté beaucoup de sympathie à SOS enfants d’Irak, nous a beaucoup aidé dans notre action à Bagdad à l’époque du blocus meurtrier de son pays par les Etats-Unis, responsable de la mort de centaines de milliers d’enfants irakiens ».
Bruno Gollnisch le rappelait dans ce même journal à l’époque, « le Front National (n’abandonnant) pas les gens dans la détresse », le cas de Tarek Aziz avait été porté « devant le Parlement européen, pour tenter de réveiller la conscience des Européens, de faire bouger les choses ». « Le sort réservé au chrétien Aziz est emblématique de celui des autres chrétiens d’Irak depuis l’occupation de leur pays par l’armée américaine ajoutait-il. Une communauté chrétienne menacée comme elle ne l’a jamais été depuis la création de l’Etat irakien ».
Les évènements ont hélas donné raison au candidat à la succession de Jean-Marie Le Pen, comme nous nous en sommes fait l’écho sur ce site ces derniers mois.