Puissance plus fragile qu’elle n’y paraît, l’empire du Milieu a toujours dû lutter au cours de sa longue histoire contre les risques d’éclatements, aujourd’hui plus ou moins dissimulées par son formidable dynamisme économique, même si cette prospérité laisse sur le bord du chemin des centaines de millions de chinois et ne règle pas les catastrophiques problèmes environnementaux, les revendications séparatistes plus ou moins affirmées des « minorités »… Quelques points de croissance en moins pourraient être lourds de conséquence sur la stabilité de ce pays selon les analyses prospectives de différents think-tank. Quant à ceux qui espèrent que la poursuite de l’ouverture économique de la Chine sur le monde, entraînera fatalement une avancée démocratique, notamment une amélioration de la situation des Tibétains…
Au nom de la Coordination Identité, Tradition, Souveraineté, à laquelle a succédé l’Alliance Européenne des Mouvements Nationaux (AEMN), Bruno Gollnisch était intervenu au Parlement européen il ya deux ans lors du débat sur le Tibet. Une occasion pour le candidat à la succession de Jean-Marie Le Pen de rappeler la constance et la cohérence de lutte du FN contre le totalitarisme. Il avait tenu à rappeler que « la Chine est asservie depuis 60 ans à l’une des dictatures qui compta parmi les plus effroyables de l’histoire de l’humanité, pourtant adulée par une grande partie intelligentsia européenne, dont ces apprentis sorciers que furent l’actuel ministre Bernard Kouchner, le philosophe André Glucksman. Et beaucoup d’autres amis de M. Daniel Cohn-Bendit, tous maoïstes avec enthousiasme ».
Si « aujourd’hui, poursuivait-il, l’étau s’est un peu desserré sur le plan économique », « les progrès économiques rapidement réalisés par le peuple chinois, l’un des plus intelligents et industrieux du monde, ont contribué à masquer la réalité du régime politique, qui au-delà de la maîtrise des techniques capitalistes par le parti communiste demeure une dictature. (…) Comme les Mongols de Mongolie extérieure, les Ouïgoures du Sin-Kiang, les Tibétains supportent cette oppression qui vise à détruire leur identité (…) identité tibétaine radicalement différente de l’identité chinoise (…) ».
Selon la formule bien connue la politique d’ un Etat est conditionnée par sa géographie, et les réalités géopolitiques nous obligent à constater que la sinisation du Toit du monde continuera à être menée immanquablement à son terme par Pékin. Dans son ouvrage « Géopolitique. Constantes et changements dans l’histoire » Aymeric Chauprade relevait que « la Chine a toujours tenté de dominer le Tibet, le Xinjiang ou encore la Mongolie » et que les dynasties chinoises « se sont toujours opposés à l’instrumentalisation politique des ethnies périphériques de l’empire –aujourd’hui les Tibétains et les Ouïghours- par leurs ennemis ».
Une occupation chinoise qui «vise à empêcher toute tentative étrangère de s’établir sur le Toit du Monde avec l’aide des Tibétains. Car celui qui tient le Tibet peut déferler sur la Chine, l’Inde, le Sinkiang et la Mongolie intérieure. Au-delà des problèmes médiatisés liées aux entorses aux droits de l’homme dans la région, il faut donc bien comprendre les raisons géopolitiques de la présence chinoise au Tibet relevait encore M. Chauprade, région où Pékin a déployé des missiles nucléaires tactiques…et « château d’eau » de l’Asie.
Pour toute ses raisons, on imagine mal l’ogre chinois prendre le risque de desserrer son emprise sur le Tibet, région qui occupe dans l’esprit des dirigeants de Pékin, la place symbolique que fut celle de l’Alsace-Lorraine dans celui des Français sous la IIIéme République.
Les dirigeants politiques de gauche comme de droite en sont parfaitement conscients et avouons-le, leurs larmes de crocodile versées sur le sort des Tibétains seraient autrement plus crédibles s’ils se souciaient pour leur part de préserver l’identité du peuple français, sacrifiée elle aussi sur l’autel du totalitarisme mondialiste à front de taureau.