Dugny, L’Hay-les-Roses, Versailles (photo) : Bruno Gollnisch poursuivait cette fin de semaine en Ile-de-France sa tournée dans le cadre de la campagne interne. Une occasion pour le candidat à la succession de Jean-Marie Le Pen de préciser non seulement ses propostions pour le devenir du FN, mais plus largement sa vision du monde et des défis qui se posent à notre pays en ce début chaotique de XXIème siècle. Le programme social et économique du FN a évolué au cours des dernières décennies, pour prendre en compte les bouleversements liés à la chute du bloc communiste, la montée en puissance de la Chine et de certaines nations du Sud, la mondialisation, le développement agressif de l’ultra libéralisme libre échangiste, le renforcement des abandons de souveraineté concédés à l’Europe bruxelloise…
Evolution qui s’est fait jour au début des années 90 avec les travaux de notre équipe « Argumentaires », ceux de notre Conseil scientifique, les différents programmes du FN, à la rédaction desquels Bruno Gollnisch a toujours pris une part importante.
Une évidence à rappeler au moment où on peut lire ici ou là qu’il y aurait une différence de fond assez sensible, notamment dans le domaine économique et social, entre Marine Et Bruno. De la même façon, Le FN n’a pas attendu le bref passage du néo-marxiste Alain Soral dans son orbite pour se doter d’une doctrine, consubstantielle à sa nature même, de défense des travailleurs français.
Le rejet des ravages du capitalisme spéculatif, financier et apatride a toujours fait partie du logiciel du FN, même s’il a campé il est vrai sur des positions économiques assez proches parfois de « la révolution reagano-thatchérienne » des années 80, dont certains principes restent d’ailleurs tout à fait louables. L’opposition nationale, populaire et sociale a toujours réfléchi depuis 20 ans aux mécanismes efficients pour protéger notre peuple, nos entreprises, nos emplois de cette fameuse mondialisation…
Pourtant, certains avancent que Bruno ne se serait pas départi d’une vision du monde assez passéiste, faisant encore la part belle aux vieux clivages hérités de la guerre froide. Le 2 novembre le site Marianne publiait ainsi un long article d’un blogueur associé (Le vrai débat), tendant à prouver que Marine est la seule à avoir œuvré ces derniers temps pour rendre le programme frontiste plus cohérent.
Notamment en s’attelant dans ses discours et dans ses campagnes à la défense de « la fonction publique », en rejetant une UMP pour laquelle le vice-président du FN aurait une sorte de tendresse coupable, bref à s’opposer vraiment au« Front mondialiste », « sorte d’UMPS version extra-large ».
Une vision qui traduit une méconnaissance assez large des réflexions de Bruno pour traduire dans le programme du FN les moyens de résister justement au rouleau compresseur mondialiste, et qui se sont notamment nourries, faut-il le rappeler encore une fois ici, des travaux du prix Nobel Maurice Allais. Quant à sa position de principe sur l’UMP, il s’est maint fois exprimé sur le sujet ces dernières semaines, avec clarté et sans ambiguïté.
Tout aussi curieusement un autre blogueur associé du site Marianne, David Desgouilles, expliquait le 20 octobre que « si Marine Le Pen reste favorite (dans le cadre du Congrés) , il semble bien que sa conquête ne soit pas si triomphale que prévu. Il lui sera alors difficile de changer le nom du parti comme elle le souhaitait ou de procéder au nettoyage nécessaire du programme et de la structure ». A quel « nettoyage » est-il fait ici allusion sachant que Marine a suffisamment répété qu’elle partageait avec Bruno le même souci de défendre nos « fondamentaux » ?
« Fondamentaux » qui sont aujourd’hui en phase avec les attentes des Français et plus largement des Européens. Sur France 2 samedi soir, dans l’émission de Laurent Ruquier, Eric Zemmour notait ainsi cette évidence, à savoir que les lignes sont en train de bouger un peut partout en Europe, rendant les formations nationales plus fréquentables. D’autant que Marine, elle, ne se livre pas « comme son père » à « des jeux de mots à deux balles sur la seconde guerre mondiale » a-t-il cru bon de préciser…
Ce qui a conduit M. Ruquier à s’interroger implicitement sur la possibilité d’inviter Marine dans son émission. Ce qui obligerait d’ailleurs M. Zemmour à se creuser les méninges pour trouver des points de désaccord avec la représentante du FN…
Invité de cette même émission, Michel Drucker n’en a pas démordu répétant son refus d’inviter une personnalité du Front National dans son émission dominicale. Au-delà des différences, parfois bien réelles, d’approches, de hiérarchisation et de perception des problèmes entre Marine et Bruno, nous touchons finalement ici au cœur du débat. A savoir les limites éventuelles à la « dédiabolisation ».
Le refus d’amoindrir notre discours sur la submersion démographique, d’accepter la perte de notre indépendance nationale, le joug du lobby euromondialiste, de transiger sur la défense du modèle familial, la décadence morale et intellectuelle rend-elle possible cette fameuse dédiabolisation… et jusqu’à quel point ?
Une question déterminante qui sera peut être posée à Bruno samedi prochain à Villepreux (Yvelines) à l’occasion d’une grande fête patriotique au cours de laquelle il répondra aux interrogations des adhérents.