On reconnait un ami à sa capacité d’empathie, à l’inquiétude dont il vous fait part quand il estime que vous êtes en danger d’emprunter de mauvais chemins. Alors, on peut être ou non d’accord avec les conseils, les avertissements désintéressés qu’il vous prodigue, mais comme c’est un ami sincère vous l’écoutez. Dans son dernier numéro, l’excellent mensuel Le Choc du Mois a consacré sous la plume de Xavier Eman un article à « la succession au Front National ». « Une sortie par le haut ? » s’interroge le journaliste qui donne son sentiment sur la meilleure manière pour le Mouvement national de conduire les batailles décisives qui s’annoncent, en réservant à Bruno et à Marine un rôle complémentaire mais distinct à la tête du FN. L’idée d’un ticket Bruno-Marine lui apparaît, comme à beaucoup d’adhérents frontistes, la solution évidente. Nous reproduisons ici ses arguments et son analyse qui ne manqueront pas d’alimenter le débat qui règne au sein des fédérations frontistes. A nous de juger !
Xavier Eman estime qu’il est vital pour le FN d’éviter une « querelle entre les Anciens et les Modernes, alors que la collaboration et l’union des deux sont absolument indispensables à la consolidation et au renouveau d’un (Mouvement) qui a justement pour vocation de défendre la Tradition au cœur de la Modernité ».
« Ne devant ni s’enfermer dans une stérilisante posture muséale, ni s’égarer dans une course éperdue à la respectabilité médiatique, (le FN) a besoin de retrouver un équilibre entre la défense des fondamentaux qui font sa spécificité (lutte contre l’immigration, défense de la vie, refus du relativisme moral et du manichéisme historique…) et l’adaptation aux débats et enjeux actuels (écologie, présence de l’islam en France, nouveau statut de la femme, évolution de la famille…). Un équilibre s’incarnant parfaitement dans la complémentarité des deux candidats à la présidence du FN : expérience, envergure intellectuelle et légitimité militante d’un côté ; aura médiatique, sens de la communication et légitimité populaire de l’autre ».
«L’affrontement jusqu’au-boutiste inévitablement meurtrier de ses deux pôles est-il encore évitable ? Sans doute, si l’on garde à l’esprit que l’élection à la présidence du FN et l’investiture à la candidature pour la présidence du pays sont deux choses différentes et deux démarches largement séparées ».
« En effet si la personnalité exceptionnelle de Jean-Marie Le Pen a imposé naturellement durant trente ans la concomitance des deux, rien, statutairement, n’entérine cette automaticité. Une telle concentration des fonctions n’est d’ailleurs pas la règle dans la plupart des grands partis politiques européens où chef de parti et candidat sont deux personnalités distinctes, les deux tâches n’exigeant pas les mêmes talents, ni les mêmes capacités ».
« A la tête du parti, il s’agit d’organiser et de structurer une communauté militante, de constituer et de nourrir un programme politique ambitieux et cohérent, de former des cadres et de veiller à la rigueur intellectuelle et idéologique ».
« Par contraste, lors d’une élection présidentielle, il faut représenter le parti, en être le porte-parole auprès des instances médiatiques et de masses sur-sollicitées qui ne réagissent plus qu’à des stimuli simples, pour ne pas dire simplistes, comme le nom ou l’image ; en bref, il faut séduire beaucoup plus que de convaincre, dans une démarche qui s‘apparente désormais bine plus à du markéting qu’à de la politique (on peut bien évidement le regretter, mais c’est ainsi et il serait aveugle et vain de vouloir le nier) ».
« Ce ne sont pas aux médias du système de choisir le candidat du FN affirment légitimement certains. Certes, mais lorsque l’on n’a pas les moyens de changer les règles d’un jeu auquel on veut à toute force participer ne vaut-il pas mieux s’y adapter et chercher à les retourner à son avantage ? Car plus que le candidat, le point crucial n’est-il pas le programme du Front National ? ».
« Un candidat médiatique s’appuyant sur un appareil rigoureusement tenu et organisé par un vrai politique solidement ancré sur le socle historique du Mouvement national permettrait ainsi de couper l’herbe sous le pied des histrions médiacrâtes qui confondent contenant et contenu ».
Soucieux de l’intérêt supérieur du Mouvement national et dans la logique de rassemblement et d’unité qui est la sienne, Bruno Gollnisch n’a fermé la porte à aucune hypothèse, notamment celle d’une candidature de Marine à la présidentielle de 2012, s’il est lui-même élu à la tête du FN.
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