Les soutiens à la candidature de Gollnisch sont très divers, à l’image des adhérents du FN. Agrégé de philosophie, docteur h.d.r., enseignant dans un lycée normand, « Sébastien Derouen » tient un blog du même nom et vient de publier un livre « Refaire la France » préfacé par Bruno Gollnisch. Venu de la gauche, ex membre du Bureau de l’association d’Alain Soral, Egalité et Réconciliation (E&R), Sébastien a démissionné de ses fonctions à E&R au printemps dernier ne cautionnant pas « l’évolution » de Soral. Adhérent du FN depuis deux ans, il vient de livrer un très long entretien à l’occasion de la sortie de son livre.
Un ouvrage très fouillé qui étudie l’état de la France sur le plan économique, social et politique, psychologique et moral, énonce des propositions, parfois surprenantes, mais toujours stimulantes et argumentées, pour réformer nos institutions. Il évoque aussi la nécessité pour notre courant de pensée de mettre sur pied un réseau d’organisations afin de relayer en profondeur le message du FN. Les raisons de son soutien à Bruno méritent d’être relayées ici.
Dans cet entretien, il explique être « satisfait », « à 95% au moins » avec « les propositions du Front National, qui (lui) paraissent à bien des égards comme ce qui peut se proposer de plus raisonnable (dans le cadre) d’un discours s’adressant à l’électorat en général, qui, en somme, ne s’intéresse à la chose politique que de manière diffuse et occasionnelle — et qui désire avant tout qu’on lui ouvre une perspective qui ne soit pas insaisissable, mais lui apparaisse sage et de bon sens ».
Il soutient également « le projet général qu’à Bruno Gollnisch d’une construction de réseaux de terrain propres à éviter autant que faire se pourra la répétition du scénario de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2002 ». Il plaide ainsi pour la création d’une « organisation (qui) devrait, en tout état de cause, se donner pour l’un de ses principaux buts d’œuvrer de toutes les manières possibles au renforcement du grand parti de front unique, sans poser le moins du monde les convictions particulières autour desquelles elle serait bâtie comme un ultimatum aux autres sensibilités du mouvement national, mais en s’attachant clairement, dans ce travail de front unique, au programme qu’elle aurait en commun avec ces autres sensibilités, — tout en se donnant par ailleurs les moyens de faire connaître et apprécier, de manière constructive, ses analyses et propositions propres ».
Sebastien Derouen réitère sa conviction selon laquelle une « victoire de Bruno Gollnisch lui paraît « hautement souhaitable ». « Et cela pour plusieurs raisons explique-t-il. D’abord, Bruno Gollnisch est visiblement un homme intègre et désintéressé, dont on peut être certain qu’il pense ce qu’il dit et qu’il entend faire ce qu’il dit qu’il va faire. En même temps qu’il est armé de certitudes, d’une doctrine, il est éminemment ouvert à la discussion, qui, avec lui, est toujours instructive et constructive ».
« Il ne pose aucun ultimatum et notamment n’exige pas un chèque en blanc, une soumission sans conditions à son autorité personnelle. C’est une façon de concevoir le rassemblement des forces qui me convient mieux qu’une autre : en somme, avec lui, ce qui est demandé, ce n’est pas du tout un ralliement sans principes, mais un travail commun sur les bases claires d’un programme de bon sens auquel on pourra éventuellement contribuer par la critique ou la proposition ».
« Je souscris également à sa tactique, de rassemblement de notre camp avant de partir à la conquête de l’électorat, plutôt que l’inverse — jeter dehors les militants historiques et s’adresser par-dessus leur tête directement aux gens . Il se peut que les militants ou les cadres du FN aient parfois été un peu trop étrangers aux soucis réels des gens ordinaires. Il est vrai qu’il faut se préoccuper sérieusement de convaincre le peuple français, plutôt que de se faire plaisir à rester entre soi en répétant des bons principes sans souci de les faire comprendre et aimer à une population pour qui, de fait, ils sont devenus insaisissables ».
« Mais je dis que le seul moyen de le faire est de construire un puissant parti de masse de cadres aguerris et de militants de terrain, tous bien formés, et non une machine à faire de la com en calculant à partir de sondages d’opinion des tactiques opportunistes pour gagner des élections sans autre but sérieux ».
« Il est vrai poursuit-il que l’on doit tendre à persuader tous les Français et non une sorte de ghetto national ; mais il est vrai aussi que le seul moyen de s’adresser à tous les Français, ce n’est pas de croire s’arranger avec les médias au moyen de l’illusion de la dédiabolisation , c’est de prendre la peine de construire une large organisation de masse capable, par ses réseaux propres, d’atteindre chaque Français là où il est et de s’adresser à lui en toute indépendance à l’égard des médias du système ».
« J’ai dans un premier temps pensé de Bruno Gollnisch, en somme, ce qu’en disait alors Alain Soral, avant qu’il ne passe de l’autre côté : que c’était un très honnête homme, éminemment respectable comme incarnation de la droite des valeurs (pour parler soralien), avec qui l’on n’était pas forcément d’accord sur le moindre détail, mais avec qui l’on pouvait s’entendre de façon agréable et raisonnable».
«À cette étape, mon point de vue a changé, au sens où, en lisant Une Volonté, un idéal –le livre de campagne de Bruno Gollnisch, NDA-, je ne trouve pour ainsi dire rien que je ne reprendrais pas tel quel moi-même ».