Il y avait foule de journalistes hier au siège du FN pour assister aux vœux à la presse d’un Jean-Marie Le Pen en grande forme, encadré à la tribune par Bruno Gollnisch et Marine –vœux à découvrir sur www.frontnational.com. Les médias ont pointé l’image apaisée et détendue qu’a donné le FN à cette occasion… qui a semblé trop belle à certains pour être vraie ! La vice-présidente du FN a pourtant déclaré que Bruno Gollnisch a eu un « comportement exemplaire durant cette campagne comme moi, nous n’avons fait qu’exprimer des divergences stratégiques ». Jean-Marie Le Pen a tenu à repréciser que l’élection de Bruno Gollnisch à la présidence du FN ne serait bien évidemment pas un casus belli, même s’il a pris fait et cause pour sa fille : « ce serait un échec pour moi, mais c’est la loi de la démocratie, j’en prendrais acte » a-t-il expliqué.
Bruno Gollnisch a rappelé qu’il ne reprochait en rien à sa concurrente l’ostracisme médiatique dont il a été victime, mais a relevé une nouvelle fois les conséquences de ce favoritisme sur le scrutin interne.
Il a pointé de manière emblématique l’invitation de Marine sur le plateau de l’émission d’Arlette Chabot « A vous de juger » le 9 décembre, 24 heures avant la clôture des adhésions pour pouvoir voter pour désigner le successeur du « Menhir ».
« Bruno Gollnisch lui, relève l’Express.fr, n’aura pas droit à la moindre minute d’antenne », lequel a fustigé « l’attitude scandaleuse » de Mme Chabot : « Elle n’a pas cru bon de me donner dix secondes d’antenne. A mon attachée de presse, elle a répondu: Mais vous êtes idiote, vous n’avez pas compris que nous avons décidé de ne pas inviter Bruno Gollnisch ! »
Or, soulignait le blog du journaliste du Monde, Abel Mestre, cette émission de deux heures, en prime time a eu pour résultat, « Selon les marinistes » d’enregistrer « 2500 ( nouvelles adhésions) en 24 heures, toutes pour Marine précisait un conseiller de Mme Le Pen. » Si cela est vrai –et comment ce « conseiller » pourrait-il savoir formellement que les adhésions en question sont « toutes pour Marine » ?- cela peut potentiellement influer sur le résultat final, sachant que le FN compterait en fait « 23 ou 24 000 » encartés selon les dernières précisions de Jean-Marie Le Pen.
Parmi la floraison de commentaires sur ces derniers vœux du « Menhir » en tant que président du FN, nous ne résistons pas à l’envie de relayer ici la stupidité crasse, pour rester poli, du compte-rendu qui en a été fait aujourd’hui dans le quotidien La Voix du Nord sous la plume d’Hervé Favre. «Hier écrit-il, Bruno Gollnisch (…) aura au moins connu (…) son quart d’heure de célébrité médiatique tant attendu, au bout d’une campagne interne où l’héritière désignée a attiré toute la lumière sur elle.»
« À une consœur anglaise qui lui demandait pourquoi s’obstiner dans ces conditions, (Bruno) s’est payé le luxe de répondre dans la langue de Shakespeare, qu’il maîtrise aussi bien que celle des samouraïs ! Mais pour diriger un parti qui fustige à tout bout de champ le cosmopolitisme , l’anglais courant serait plutôt un handicap sur le curriculum vitae ! La citation latine est en revanche appréciée, et il la manie aussi souvent que Jean-Marie Le Pen. »
Grave question en effet : Commet peut-on oser prétendre à diriger le FN tout en étant polyglotte ? L’incompréhension feinte ( ?) de M. Favre exprime un sentiment largement partagé au sein du microcosme journalistique, pour qui les frontistes, particulièrement ceux soutenant la candidature du vice-président du FN, ne sauraient être qu’un ramassis d’abrutis bornés et xénophobes. Les « Dupont-la-Joie » ne sont pourtant pas toujours là où on les attend. Et comme le rappelait Bruno Gollnisch ce matin sur France Info, les résultats du Congrès de Tours restent ouverts, « il s’agit de ne pas vendre la peau de l’ours… ».