La victoire de Marine Le Pen était annoncée bien avant le début de cette campagne interne par la quasi-totalité du microcosme médiatique. Celle-ci est nette, sans appel et sans contestation possible : c’est avec plus de 67% des suffrages qu’elle accède à la présidence du FN au terme d’une campagne au cours de laquelle les deux prétendants n’ont pas ménagé leurs efforts. Un journaliste de la presse amie, partisan de la candidature de Marine mais un peu « taquin », nous confiait la veille de la proclamation officielle des résultats, qui ont « fuité » dès vendredi soir, ce « paradoxe » qui veut que « les adhérents du parti le plus antisystème de France aient voté massivement pour la candidate désignée par le système ». Paradoxe apparent bien sûr parce que c’est justement sur sa capacité, aux yeux de la majorité du peuple frontiste, à mener à la victoire l’alternative politique portée par l’opposition nationale, que la nouvelle présidente du FN doit sa large victoire.
Beaucoup d’adhérents ont en effet expliqué à Bruno et à ses équipes au cours de leur tournée des fédérations qu’ils estimaient qu’il avait les compétences, la carrure, toutes les qualités requises pour succéder à Jean-Marie Le Pen, mais que le crédit médiatique dont jouissait sa concurrente permettrait demain plus sûrement de capitaliser des voix et la qualifiait de facto pour « le job »…
Et quand Bruno réunissait des dizaines voire des centaines d’adhérents lors de ses déplacements dans les fédérations, voire même était (très chichement) invité dans les medias, Marine se taillait beaucoup plus largement la part du lion dans les émissions et les chroniques politiques, les colonnes des journaux et de magazines. L’embellie médiatique qui s’est manifestée pour le candidat Gollnisch après le gros succès de la fête patriotique de Villepreux a été de courte durée…
Symbole éminemment parlant, la veille de la clôture des adhésions pour participer à la désignation du nouveau président du FN, Bruno parlait devant quelques frontistes, et Marine Le Pen devant quatre millions de téléspectateurs sur le plateau d’Arlette Chabot…
Il serait stupide de le cacher, la déception est grande chez les amis de Bruno, mais elle ne mène pas à l’aigreur ou au découragement. Quand on participe à une compétition ce n’est pas pour en contester le résultat. Certes, avec une virulence à mettre peut être sur le compte de la fatigue et de la charge émotionnelle de ce Congrès, Roger Holeindre (arrivé second à l’élection du Comité central) et Farid Smahi (treizième à cette même élection, membre sortant du Bureau Politique mais non reconduit par Marine Le Pen), ont annoncé leur départ. Tous les autres soutiens de Bruno ont approuvé la teneur de son très résolu discours à Tours dimanche matin, juste après la proclamation des résultats.
C’est-à-dire la volonté de poursuivre le combat plus que jamais au sein du FN, pour notre idéal national commun, la défense exigeante de nos fondamentaux, pour notre civilisation, contre la barbarie mondialiste, la décadence morale, sociale et économique qui frappe notre pays. Propos qui ont fait écho à l’émouvante et superbe allocution de Jean-Marie Le Pen prononcée la veille. Un combat qui sera mené avec loyauté et fidélité aux côtés des personnalités promues par Marine Le Pen.
Dans cette optique, Bruno a émis le souhait de « laisser les coudées franches à la nouvelle équipe, (de) lui laisser le temps de faire ses preuves, avant, peut-être de reprendre des responsabilités ». C’est pourquoi, s’il reste bien évidemment membre du Bureau Politique du FN, un défenseur pugnace des intérêts nationaux au Parlement européen, à la tête de l’Alliance européenne des mouvements nationaux (AEMN) et du groupe FN en Rhône-Alpes, il ne siégera pas au Bureau exécutif et a décliné l’offre d’occuper le poste de vice-président.
Car il est certain que comme il l’a souligné, Bruno Gollnisch incarne « une composante incontournable du FN ». Le résultat de l’élection du Comité central le prouve sans contestation possible : sur les 100 directement élus par les adhérents, 42 se sont manifestés clairement en faveur de sa candidature. Pourcentage plus élevé que son score réalisé dans le scrutin désignant le successeur de Jean-Marie Le Pen, qui traduit nettement la volonté des adhérents d’équilibrer « les deux plateaux de la balance », de donner le maximum de légitimité à Bruno pour faire entendre sa voix. Les amateurs de statistiques –il y en a- noteront encore qu’au sein du Bureau Politique, comptant désormais 42 membres –contre 32 précédemment- les soutiens déclarés de Bruno forment environ 23% du total.
Mais comme l’ont dit avec sagesse aussi bien la nouvelle présidente du FN, Jean-Marie Le Pen que Bruno Gollnisch, le temps de la campagne interne est désormais derrière nous, vient celui du Front commun, uni, soudé, pour affronter les échéances déterminantes qui se profilent à l’horizon.
Un esprit de cohésion qui comme l’a rappelé Bruno Gollnisch dimanche rend aussi nécessaire « de fédérer toutes les énergies et les talents de notre famille de pensée, dont il faut bien dire qu’elle s’est parfois inutilement divisée dans des querelles ou des conflits qui auraient pu être évités (…). Mes chers amis, la presse veut savoir ce que nous allons faire ? Je vais vous le dire ! Nous allons tous continuer à servir la cause que nous avons toujours servie, nous allons nous battre et nous allons gagner ! C’est pourquoi bien sûr je continuerai à y participer. »