C’est principalement à l’aune d’une volonté de dédiabolisation du FN que les analystes ont expliqué à la fois le succès de Marine Le Pen dans la course à la présidence interne, mais aussi la teneur très « républicaine » de son premier discours en tant que présidente du FN. Un discours « mélenchonesque » ont même été jusqu’à dire certains journalistes ! Plantu a résumé ce propos en représentant dans L’Express La présidente du FN et le dirigeant du parti de gauche, sur la même scène, mais sur deux tribunes séparées, arborant tous les deux brassards et lisant l’une l’index levé, l’autre le poing brandi un même texte titré « tous pourris »…La « kolossale finesse » du dessinateur qui ressuscite indirectement le fantasme du complot « rouge-brun » contre le Système, n’a pas été du goût de Jean-Luc Mélenchon qui a jugé ce dessin « vulgaire » et grossier ».
Ex partisan de l’interdiction du FN, Mélenchon a expliqué cependant qu’il refuse désormais cette « nazification stupide de l’extrême-droite qui ne sert qu’à fabriquer du vote utile en faveur des dominants ». « Dès lors que Marine Le Pen vient sur notre terrain, celui de la République, je ne veux pas que certaines belles personnes y trouvent prétexte pour charger d’opprobre l’égalité ou la laïcité » a-t-il encore déclaré à l’adresse de Plantu et des autres…
Certes, le premier discours de Marine en tant que présidente du FN a été analysé comme un discours de « rupture ». En cause l’absence de référence dans celui-ci à l’immigration au profit du seul danger islamiste, sa citation de la déclaration de l’article 2 de la déclaration des Droits et des devoirs de l’Homme et du citoyen. « Déclaration des droits de l’Homme qui marque le début de la décadence de la France » comme le notait Jean-Marie Le Pen « à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française en 1989 » insiste Marianne. Ou encore ses références à la « République » ou à « l’Etat Fort » qui ont semblé en contradiction avec un Jean-Marie Le Pen qui dénonçait « quelques mois plus tôt un Etat tentaculaire et hypertrophié ».
Analyse tout de même un peu simpliste puisque si le FN a toujours dénoncé les dérives liberticides et fiscalistes de l’Etat, la collusion au sein de celui-ci, et sur le dos des Français, des lobbies, de groupes de pression syndicaux, corporatistes, « humanistes » empêchant les nécessaires réformes, l’opposition nationale, et Bruno Gollnisch le premier, n’a cessé de défendre le concept même d’Etat nation et de fustiger l’abandon de ses fonctions régaliennes au profit de l’entité euromondialiste.
L’allocution de Marine donne peut être le la d’une campagne présidentielle dans laquelle la candidate du FN, comme Jean-Marie Le Pen avant elle, se posera en recours pour un électorat traditionnellement de gauche, abandonné et trahi par un PS qui a cautionné toutes les dérives européistes et ultra libre échangistes.
Elle devra être cependant capable de tenir « les deux bouts de la chaîne » en mobilisant aussi autour de sa candidature les différentes composantes de la famille nationale « traditionnelle », l’électorat frontiste issu de la « droite des valeurs ». « Famille natio » dont le rassemblement apparait comme un préalable à toute victoire comme l’a martelé Bruno ces derniers mois, notamment dans une optique de structuration, et de renforcement de l’implantation locale de l’opposition nationale après la présidentielle.
Ne nous y trompons pas : à partir du moment où le FN continuera de défendre notre identité, notre souveraineté, la civilisation helléno-chrétienne, une vision géopolitique de « troisième voie », et s’opposera frontalement aux forces obscures du mondialisme, il sera par définition toujours l’ennemi à abattre pour une large frange du microcosme.
Et partant, victime d’une diabolisation dont même Mélenchon nous l’avons vu, et d’ailleurs avant lui Chevènement, sont un peu les victimes à la marge, en ce qu’ils réfutent, avec une certaine hémiplégie et sans être capables d’en tirer d’ailleurs toutes les conclusions nécessaires, la dictature bruxelloise, première étape voulue comme telle de la marche forcée vers « une gouvernance mondiale ».
Pour ce qui est de notre Mouvement, a rappelé Marine Le Pen dans le magazine Causeur, interrogée par Elisabeth Lévy, cette fameuse « diabolisation a toujours fait débat au Front où deux stratégies s’affrontent. Contrairement à Bruno Gollnisch, qui pense qu’on peut arriver au pouvoir grâce à elle, j’ai toujours pensé qu’on y arriverait malgré elle. »
Le débat est effectivement toujours d’actualité, il peut éclairer des différences d’approches stratégiques au sein du FN, mais nous devons tous être conscients que le salut de la France ne peut venir que de notre capacité de résistance au discours dominant, de notre capacité à (r)éveiller l’instinct de survie du pays réel, par delà le barrage dressé par le système entre le FN et les Français. Pour toutes les raisons invoquées ici, nous savons que la dédiabolisation du FN aura toujours ses limites.
Le ton de la campagne qui s’engage est d’ailleurs donné par un Thomas Legrand qui sur France Inter croit apercevoir le mufle hideux de la bête immonde sous le vernis républicain, purement tactique selon lui, du discours de Marine, ou encore dans La Tribune, où De Favilla titre finement son éditorial (inepte) consacré au discours de celle-ci : « FN : vers un national-socialisme ». Nouvelle direction au FN, mais mêmes vieilles rengaines de nos adversaires à notre encontre tant que nous refuserons de vendre notre âme…