La « révolution de jasmin » en Tunisie peut-elle entraîner, par effet domino, la chute des pouvoirs autoritaires dans le monde arabe, notamment aux portes de l’Europe et en Egypte, ce dernier pays étant en proie à son tour depuis plusieurs jours à de violentes manifestations ? Une crainte de déstabilisation qui a été certainement évoquée dans leurs conversations par les leaders politiques et économiques réunis dans cadre du « traditionnel » forum de Davos à forte coloration mondialiste. Une trentaine de pays seulement, sur les 192 siégeant à l’ONU, peuvent se targuer d’être des démocraties selon les critères occidentaux, et pas une seule nation du Maghreb. La « libération de la parole » dans le monde arabo-musulman, souhaitée et défendue officiellement par les faiseurs d’opinions, se heurte à de sérieuses inquiétudes.
La première de toute étant un basculement des pays concernés sous mainmise politique islamiste. En Tunisie les « barbus » demandent à être réintégrés dans le jeu politique, alors qu’en Egypte apprend-t-on aujourd’hui, les Frères musulmans, principale force de l’opposition, ont annoncé qu’ils participeront aux manifestations de la colère contre Hosni Moubarak, lequel a truqué délibérément toutes les élections pour les écarter du pouvoir.
Comme Bruno Gollnisch le souligne de nouveau dans son dernier ouvrage, Marine Le Pen rappelait justement aujourd’hui sur la chaîne LCP, que «les pays musulmans qui sont laïcs l’ont été en général par la force», comme l’Irak et la Tunisie, ou «par l’armée comme en Turquie». «La laïcité n’est pas absolument compatible… pas naturelle, avec l’islam, puisque l’islam confond le spirituel et le temporel».
Et c’est avec l’appui des pays européens et des Etats-Unis que les pays arabes ont été invités à museler les islamistes… pays auxquels nous reprochons aujourd’hui l’autoritarisme de leurs dirigeants ! En Algérie, quand, en décembre 1991, les islamistes du FIS (front islamique du salut) sont arrivés en tête au premier tour des élections législatives, le gouvernement algérien a été soutenu unanimement par les occidentaux lorsqu’il a décidé de stopper le processus démocratique, au mépris du principe du suffrage universel.
Le problème en effet, c’est qu’à chaque fois que l’on laisse à la rue arabe la possibilité de s’exprimer librement dans les urnes, elle vote majoritairement pour des formations religieuses « radicales ».
Dernièrement encore, en Palestine, lors des élections de 2006, ce sont les islamistes du Hamas qui ont gagné les élections face aux « laïcs » de l’OLP. OLP que les israéliens tentèrent d’affaiblir en soutenant à l’origine en sous-main l’émergence du Hezbollah… Bien sûr, les chancelleries occidentales approuvèrent alors la décision des leaders palestiniens d’annuler le scrutin, utilisant l’argument que le Hamas n’acceptait pas l’existence d’Israël, ce qui figurait pourtant clairement dans son programme pour lequel les électeurs palestiniens avaient majoritairement voté.
A la lumière de ces deux exemples, les injonctions démocratiques, au nom des « droits de l’homme, des occidentaux apparaissent bien hypocrites aux masses arabes. Dirigeants occidentaux qui ne trouvent rien à redire quand l’autocrate « laïc » au pouvoir qu’ils soutiennent s’assoit sur les « libertés fondamentales », souvent il est vrai difficilement transposables, pour peu qu’il fasse allégeance ou ne contrarie pas les plans du Nouvel ordre mondial. Dans le cas contraire, on sait ce qu’il en coûta à l’Irak laïc de Saddam Hussein.
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